Les ondes Martenot est un instrument de musique électronique, inventé par Maurice Martenot et présenté au public en 1928. Un joueur d'ondes Martenot est appelé un ondiste. Avec le thérémin mis au point en Russie en 19171, les ondes Martenot constituent l'un plus anciens instruments de musique électronique. Maurice Martenot conçoit cet instrument à partir de 1918 et le présente à l'Opéra de Paris en 1928.
1935 - André Jolivet - 3 poèmes pour ondes Martenot et piano
Des compositeurs comme Arthur Honegger, Darius Milhaud, André Jolivet et Olivier Messiaen écrivent immédiatement pour les ondes Martenot, symbole d'inouï et de modernité, que son inventeur ne cesse d'améliorer jusqu'en 1975, année de la création du 7e et dernier modèle de concert.
Turangalila Symphonie - Maessian
Le répertoire compte plus de 1 500 œuvres. L'instrument est aussi employé dans les musiques populaires dans les années 1950 et 1960 ; on peut l'entendre par exemple chez des chanteuses telles qu'Édith Piaf ou Catherine Sauvage, et plus significativement chez des chanteurs tels que Léo Ferré ou Jacques Brel. Sa production est stoppée en 1988. Suite à diverses tentatives infructueuses de la part de fabricants japonais ou américains, on assiste à la fin des années 1990 à l'éclosion d'une nouvelle facture de l'instrument ayant pour nom Ondéa. L'ondéa doit beaucoup à Jeanne Loriod par ses conseils éclairés et à Claude-Samuel Lévine, qui a mis au point son système de diffuseurs virtuels respectant en tous points les sonorités des ondes Martenot d'origine. Cela a permis une renaissance de l'instrument, utilisé désormais sur scène et en tournée par de nombreux ondistes depuis 2004, notamment des artistes populaires anglo-américains tels que Joe Jackson, Gorillaz ou Jonny Greenwood (qui utilise un modèle appelé french connection). Mais l'ondéa est aussi utilisé par le musicien français Yann Tiersen. De nombreux conservatoires français (Strasbourg, Cergy, Boulogne, Évry, Saint-Étienne) se sont équipés de cet instrument.
Cet instrument monodique à oscillateur électronique se caractérise par ses sonorités particulières, dont la plus connue, proche de la sinusoïde, évoque des voix « venues d'ailleurs », assez proche de la scie musicale, mais présente bien d'autres possibilités, particulièrement au niveau de l'expression.
Ondes Martenot et thérémin présentés par Claude Samuel Lévine
Il comporte : un clavier suspendu, dont la transposition agit sur la hauteur du son (sa fréquence) et donc le vibrato ; un ruban parallèle au clavier, le fil, autorisant les glissandi ; une touche d'expression qui se contrôle de la main gauche et qui gère le volume sonore. Par pression plus ou moins forte, on obtient toutes les variations d'intensité allant du pianissimo au fortissimo. Un geste sec sur la touche produit un son percuté. On peut aisément faire une analogie entre la touche d'expression et l'archet d'un instrument à cordes ; un tiroir avec différents timbres pour filtrer et modifier le son et procurer des combinaisons ; des diffuseurs (haut-parleurs transformés) : principal ou D1 : haut-parleur standard de grande puissance ; résonance ou D2 : haut-parleur monté derrière des ressorts afin d'obtenir une résonance acoustique ; gong ou D3 : haut-parleur dont la membrane est remplacée par un gong pour créer des sons métalliques ; palme : pièce de lutherie sur laquelle sont tendues des cordes métalliques, reliées au moteur du haut-parleur. Ces vibrations permettent une mise en résonance dite « par sympathie » des différentes cordes accordées très précisément. Dans le répertoire classique, contemporain et électroacoustique, les auteurs utulisant les ondes martenot sont, entre autres : Olivier Messiaen,
Fête des belles eaux - Maessian - 1937
André Jolivet, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Edgard Varèse, Charles Koechlin, Bohuslav Martinu, Marcel Landowski, Tristan Murail, Jacques Charpentier, Thomas Bloch, Claude-Samuel Lévine …
Une performance de Thomas Bloch
Mais les ondes Martenot sont aussi utilisées pour des musiques de films (Mad Max, Animatrix, Mars Attacks!, La Marche de l'Empereur, La Leçon de tango, Le Parfum de la dame en noir ...), en chanson française, pop etc … : Edith Piaf, Catherine Sauvage, Jacques Brel,
1959, version studio de "Ne me quitte pas" de Jacques Brel
Léo Ferré,
Léo Ferré chante Charles Baudelaire : "Les hiboux" (version studio)
Léo Ferré chante "T'as payé" en live
Bobby Lapointe,
L'été où est-il ?
Jean Ferrat, Yann Iersen, Tom Waits, Les Têtes raides, Arthur H, Zazie, maxime Le Forestier, Thomas fersen, Marie Laforêt, Sanseverino, Les Ogres de Barback,
La Varicelle, les Ogres de Barback, Pitt Ocha et la tisane des couleurs
Loïc Lantoine (sur l'album live "à l'attaque", voir plus loin) …
Les ondistes qui travaillent avec les auteurs de chansons françaises et musiques pop sont principalement Thomas Bloch, Jean Laurendeau, Jonny Greenwood, Martin L. Gore, Matthew Bellamy, Christine Ott ...
Christine Ott est une musicienne française, compositeur et arrangeur, d'origine alsacienne, à la fois pianiste et spécialiste des ondes Martenot.
Christine Ott - Tropismes
Christine Ott est médaillée d'or du conservatoire de Strasbourg - où elle enseigne - et a obtenu le prix du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
Christine Ott - Pensées Sauvages
Elle a travaillé en collaboration (sur disque et en concert) avec de nombreux artistes : Yann Tiersen, Dominique A, Jonny Greenwood, Jean-Philippe Goude, Syd Matters, Stuart Staples, Tindersticks, Têtes Raides, Noir Désir, DAAU, Narcophony, Radiohead, Weepers Circus, Narcophony,
Live avec Narcophony
Loïc Lantoine ....
En live, sur l'album à l'attaque Le Manneken Piss 1
Je renais
Cosmonaute
Je cours
Elle joue les ondes Martenot sur la bande originale (composée par Yann Tiersen) du film Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, sur la bande originale (composée par Hugues Tabar-Nouval) du film Où va la nuit de Martin Provost, et sur la bande originale (composée par Tindersticks) du film 35 rhums de Claire Denis. Elle compose également la musique du film La Fin du silence de Roland Edzard, en sélection à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes (2011). Elle compose et créé la musique pour un spectacle "24 heures de la vie d'une femme"
Parmi les nombreux projets de Christine Ott, il y a cet amour des images, cette envie de marier images et composition musicale. Sa nouvelle création Vingt-quatre heures de la vie d’une femme en sera une fois encore l’occasion. Mais l’association la plus marquante de ces deux amours, ce fut lors du ciné-concert qu’elle donna le 20 avril 2012, composition d'une nouvelle partition sonore sur le film muet Tabou (1931) de Murnau, qu'elle accompagne dans le cadre d'une tournée de ciné-concerts.
Plus connu sous le patronyme de Murnau, Friedrich Wilhelm Plumpe (1888-1931) étudie tout d’abord la philologie et l’histoire de l’art avant de se consacrer au théâtre puis à la réalisation de films. Une quinzaine d’années va lui suffire pour devenir l’un des maîtres de l’expressionnisme allemand et marquer l’histoire du cinéma avec des créations entre réalisme et fantastique, dont des chefs-d’œuvre souvent visibles en ciné-concert : Nosferatu (1922) et L’aurore (Sunrise, 1927), point de départ de la période américaine courte et mouvementée, qui ouvrira prochainement la nouvelle édition du festival ManiFeste, accompagné d’une musique d’Helmut Oehring.
Faisant suite à Les quatre diables (Four devils, 1926) et L'Intruse (City girl, 1930), Tabou (Tabu, 1931) raconte les mésaventures du pêcheur de perles Matahi et de la jeune Reri, dans l’île de Bora-Bora (Polynésie française). En effet, l’amour qui les unit est bouleversé par une annonce terrible : Reri vient d’être choisie par le sorcier Hitu pour incarner une divinité, en vertu de quoi elle est déclarée tabou, c’est-à-dire intouchable pour tout homme. Incapable de se résigner à la perdre, Matahi l’enlève et commence avec elle une vie faite de fuite, d’endettement et de deuil – d’où un découpage en deux parties de ce film d’esprit symboliste (Le Paradis – Le Paradis perdu).
Le scénario d’Edgar Georg Ulmer se fonde sur une idée originale de Robert Flaherty (1884-1951), l’un des pères du film documentaire devenu célèbre pour ces pêcheurs inuits ou irlandais mis en scène dans Nanouk l'Esquimau (Nanook of the North, 1922) [lire notre chronique du 8 décembre 2006] et L’homme d’Aran (Man of Aran, 1934), ici vite évincé d’un projet dont il ne réalise que quelques plans. Au final, le succès public de Tabu vient de la dramatisation d’une histoire tournée sur les lieux mêmes de l’action avec les autochtones jouant leur propre rôle, où triomphent les forces obscures, à des lieues de l’optimisme cosmique de Flaherty.
On n’en finit pas d’admirer la beauté formelle du long-métrage mais aussi ses petits ressorts narratifs qui captivent peu à peu le spectateur : le demi-tour de Matahi lui fait manquer la proclamation du tabou, un sursaut imprévu l’amène à danser une dernière fois avec la femme qu’on lui interdit, la corruption réussie d’un officier, le rêve de la perle qui nous ramène au rêve d’émeraude cachée du Cavalier bleu (Der Knabe in Blau, 1919), le tout premier Murnau, etc. On peut aussi apprécier la légende qui entoure le film puisque le réalisateur, décédé d’un accident d’automobile peu avant la sortie alors qu’il avait survécu à plus d’un crash comme aviateur durant la Première Guerre, aurait transgressé des interdits locaux.
Ondiste réputée, Christine Ott a multiplié les collaborations avec le cinéma (Jeunet, Gatlif, Denis, etc.). Pour Tabu, après une série d’improvisations, elle a retenu des Leitmotive minimalistes (la mer, l’amour, le sorcier, etc.) qu’elle joue sur scène au piano et aux Ondes Martenot, parfois sur bande (un son de cithare, par exemple, obtenu grâce aux vibrations des cordes métalliques). Contemporaine du long métrage, l’invention de Martenot (1928) est idéale pour appuyer le mystère angoissant de certains épisodes, tels ceux du requin défendant les fonds sacrés ou de l’ultime poursuite dont dépend le sort des amants. Enfin, la petite percussion est utilisée pour mettre en relief un cérémonial (triangle, guïro, chapelet de coquillages, etc.).
Album solo 2009 : Solitude nomade
EPK de Christine Ott - 2009 - label Mon Slip
Solitude nomade en live à Strasbourg Christine Ott parle de son instrument, les ondes Martenot
Solitude nomade
Christine Ott et Anil Araslan au violoncelle - Solitude Nomade
Exemples de collaborations 2001 : Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Yann Tiersen
Yann Tiersen et Christine Ott, "la valse d'Amélie" pour le Téléthon 2006
2004 : Tout sera comme avant et Tout n'est plus comme avant de Dominique A 2009 : Pour l'instant de Jean-Philippe Goude 2009 : À la récré du groupe Weepers Circus
Christine Ott et Emma Daumas - A la récré
2011 : N'importe où, hors du monde du groupe Weepers Circus 2011 : Christine joue avec Noir Désir sur la reprise du titre Aucun express d'Alain Bashung, sur l'album-hommage collectif Tels Alain Bashung