10 février 2013 - Par Sam Joffre
Loic Lantoine paye sa tournée avant un nouvel album prévu pour le mois d’avril. Le duo voix – contrebasse des débuts est devenu quintet. L’émotion, elle, est intacte…
Avec sa poésie taillée dans les pavés de son Nord-pas-de-Calais natal, évoquant les bonheurs et tourments du populo, Loic Lantoine est hors normes dans une génération de chanteurs plus enclins au nombrilisme et à l’anecdotique. Sa voix rocailleuse et abîmée conte, clame, susurre ou éructe une prose d’une incroyable puissance. Chez lui, les mots font partie intégrante de la musique, jouant leur partition avec une sensibilité à fleur de peau.
Ses histoires ramassées sur le comptoir d’un bistrot ou au coin de la rue nous parlent d’amitiés fraternelles et d’amours déçus dans un verbe qui semble avoir trempé tout à la fois dans l’alcool et le cambouis. On y croise des ouvriers sentimentaux, des marins au coeur brisé, des poètes prolos et des bambins utopistes. On pense à Prévert un peu, à Ferré aussi… pour finalement se dire qu’il ne ressemble à personne d’autre.
Si l’œuvre de Loic Lantoine est avant tout poétique, elle est aussi politique. Par les histoires qu’il nous raconte, il rend leur honneur aux petites gens, aux cabossés par la vie, aux timides et aux doux rêveurs. Et par ses textes à la beauté brute, il rend aussi hommage au parlé populaire avec une prose qui ne dédaigne pas l’argot, le patois et parfois même les fautes de français.
Sur scène, l’ensemble est incarné par le grand corps sec et habité de l’auteur, tantôt fébrile et maladroit, tantôt suvolté et délirant. L’humour est omniprésent, qui contrebalance pudiquement le spleen suintant de certaines chansons comme des « avis de vent devant ma vie, et les paupières en parapluie ».
Bref, c'est la tournée du patron. Pourquoi se priver ?