« Maintenant, j’habite à Paris... » Le regard bleu délavé de Loïc Lantoine s’obscurcit quand il évoque sa nouvelle vie. Dès ce soir, il retrouvera Wazemmes, son quartier d’enfance, pour quatre concerts à la Maison folie tous les soirs jusqu’à samedi. Un retour aux sources pour ce natif de La-Chapelle-d’Armentières, qui défend l’idée simple « de faire passer un bon moment aux spectateurs » sans se gêner pour « prendre position à travers les textes ». Mais n’allez pas croire que l’homme se pose aujourd’hui en militant politico-artistique. « La musique est là pour divertir. J’aime le rap, mais je déteste les propos ultralibéraux que scandent certains artistes prétendument opprimés. » Si son côté imprécateur tendre rappelle plus Brel que Trenet, sa musique, elle, n’a pas d’équivalent. Et pour cause, l’homme s’affiche comme le chantre de la « chanson pas chantée ». Ni rap, ni slam. Juste de la poésie clamée sur quelques notes de contrebasse. Car Loïc Lantoine n’est pas seul. Son groupe consacre aussi François Pierron, musicien atypique qui utilise un cintre en guise d’archet. Vous l’avez compris, le Lillois ne fait jamais rien comme tout le monde. Ainsi, en première partie de Bénabar, quand l’une des cordes de la contrebasse de François lache, Loïc décide de finir le concert à cloche-pied en signe de soutien. « Le mieux, ce sont les spectateurs qui sont venus nous voir pour savoir si notre ‘‘numéro’’ avait été préparé », sourit le contrebassiste. Six ans après leur rencontre, les deux hommes affichent sur leur CV quelques lignes intéressantes. Les premières parties de Jeanne Cherhal, des Ogres de Barback, une scène au Printemps de Bourges, une participation au collectif « Mon côté punk » et un album produit par les Têtes Raides (Badaboum en 2004). « On n’a pas de plan de carrière pour autant, justifie le chanteur. On a commencé à faire la manche dans les bars, alors maintenant, tout peut arriver. » En l’occurence, un nouvel album en 2006. Mais, avant ça, Loïc Lantoine poursuivra une tournée et devra combattre sa « peur de jouer devant tous les copains à Wazemmes ». Vincent Vantighem
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