Tout va bien Yves Jamait 18 novembre 2014 Théâtre d'Alençon
UN PROJET DE YVES JAMAIT ET BENOÎT LAMBERT MISE EN SCÈNE : BENOÎT LAMBERT AVEC YVES JAMAIT (voix) DIDIER GREBOT (batterie / percussions) SAMUEL GARCIA (piano / accordéon) Scénographie et lumière : Antoine Franchet Son : Jean-Marc Bezou Régie lumière : Victor Dos Santos Conception costumes : Laurence Rossignol Maquillage : Marion Bidaud
Au début des années 1980, le paysage assez lisse de la chanson française est soudain bouleversé par l’apparition d’un artiste hors-norme, à la fois interprète de génie et bête de scène. Loin des chansonnettes mièvres de ce qui s’appelle désormais la « variété », Jean Guidoni – puisque c’est de lui qu’il s’agit – impose son univers trouble et dérangeant, un univers qui puise son inspiration aussi bien du côté de Damia ou de Fréhel, pour la tradition, que du coté de Jean Genet ou de Fassbinder, pour la subversion. Guidoni chante les marges, les paumés, les rêves brisés, les amours assassines… Son répertoire rageur, tantôt tragique, tantôt ironique, allie la violence des thèmes au classicisme de la forme : les textes, signés par lui ou par Pierre Philippe, sont d’une rigueur et d’une beauté impressionnantes. En même temps, il invente sur scène une forme de « cabaret total » où se mêlent chanson et théâtre dans des spectacles qui feront date. Profondément lié au vent nouveau qui souffle alors sur la France, au lendemain de la victoire de la gauche, l’univers de Guidoni bouleverse les règles et les normes – morales, sexuelles, esthétiques, politiques. Mais on peut lire déjà, dans sa noirceur assumée et dans son angoisse sourde, le reflux des idéaux et les espoirs déçus qui marqueront la décennie…Trente ans plus tard, Yves Jamait et Benoît Lambert, qui caressaient depuis longtemps le projet de travailler ensemble, s’engagent dans une redécouverte de cet artiste essentiel et radical.
Donner vie aux chansons, leur donner corps, son propre corps, pour les habiller, les fripper, friser l'exubérance, mâcher ses mots pour les cracher à la gueule de la fatalité, extirper, hurler, murmurer son désespoir et sa joie de vivre pour que l'émotion éclabousse le spectacle. C'est comme ça que je vois la scène. C'est comme ça que je la vis.