Tu prends des notes ?
Non, je laisse faire le temps car je pense qu’une bonne idée ne s’envole pas. Quand j’étais plus jeune, je gardais une feuille auprès de mon lit pour noter toutes les idées de la nuit, de peur qu’elles ne s’échappent. Et au réveil, je m’apercevais que j’avais écrit toutes les lignes les unes sur les autres ! Ce n’était pas très utile.
 
Tes chansons viennent après une succession de brouillons ou d’un seul jet, après mûrissement ?
Un jour, j’avais écrit :
« Je suis hostile au premier jet
Je lui préfère les migraines
La nuit jusqu’au jour prolongée
à extraire de ma carène
l’adjectif, prénom de l’objet... »
Ce n’est pas pour m’auto-citer mais je trouve que je n’étais pas loin de la vérité. À cette époque, je n’écrivais pas de chansons, mais j’ai voulu dire que j’aime bien venir et revenir. Ce n’est pas contradictoire avec ce que j’ai dit pour Francesca Solleville, mais en ce qui la concerne, j’avais un tel désir d’écrire pour elle que, inconsciemment, la moitié des chansons était déjà faite.
 
En revanche, il y a des chansons que je n’ai pas pu terminer en trois ans, parce qu’il me manque la chute — ou le début. Il n’y a pas de temps pour écrire une chanson, c’est le résultat qui compte. Ça dépend des sujets ou, simplement, de la rencontre avec un musicien.
 
Parfois, des chansons sont restées longtemps dans un tiroir, parce qu’elles avaient une musique que je ne pouvais pas chanter, que ce n’était pas ce que je ressentais. Donc, la chanson reste en là jusqu’à ce qu’on lui trouve sa parure, son habillage.
 
Tu n’as jamais écrit de musiques ?
J’en ai écrit trois qui ont été éditées, mais je me suis vite aperçu que l’art mélodique était un véritable métier. J’ai eu la chance de rencontrer Romain Didier en 1985 au festival de Bourges. À cette époque, je faisais encore mes musiques « à la main », avec cinq accords de guitare. Il a structuré mes textes. Après, j’ai appris à écrire sur des musiques. Ça m’a toujours étonné que Romain, qui est un auteur d’importance, fasse appel à moi pour des textes. Il a une écriture plus complète, dans la mesure où il construit tout l’édifice, entre la musique et les mots. Il m’a beaucoup appris sur les sonorités.
 
Tu as des chansons qui ont eu plusieurs musiques, je crois ?
Avant d’avoir celle de Romain, je chantais La retraite sur une autre mélodie. C’est d’ailleurs la première chanson qu’on a écrite ensemble. Depuis, il y en a eu une cinquantaine, plus le spectacle Pantin Pantine, plus un autre spectacle qui est passé inaperçu intitulé Francilie.
 
Pantin Pantine s’est joué pour la seizième fois dans un conservatoire, avec des enfants différents, dans des villes différentes. C’était une volonté de notre part que de faire un spectacle qui circule, interprété par des enfants, avec tout ce que ça comporte de joyeux... On l’avait monté à Bourgoin-Jallieu chez Gérard Lefèvre. Les enfants s’étaient rassemblés d’une école à l’autre et les gens du conservatoire se sont retrouvés avec les familles qui ne se connaissaient pas, à tailler les costumes, raccompagner les enfants... vivre une aventure, quoi ! C’est cela aussi, le spectacle, pas simplement des paillettes. Maintenant, Pantin Pantine continue son petit bonhomme de chemin, ça va aller jusqu’à Saint-Denis de la Réunion, ça reviendra à Clermont-Ferrand...

 
Qu’est ce qui s’est passé pour Francilie ?
C’était une commande du Conseil Général de l’Ile-de-France pour laquelle on s’était beaucoup investi, Romain et moi. L’Ile-de-France avait alloué un budget pour l’écriture et la mise en scène de ce spectacle. Elle n’a daigné le faire jouer que cinq fois, ce qui est une véritable gabegie financière. C’était une façon de se dédouaner et de se donner un alibi culturel. Ils avaient tant d’argent à mettre et puis voilà ! On n’a jamais vu un seul élu d’Ile-de-France venir voir ce spectacle.
 
La chanson S.D.F. est restée. Vous la chantez, Romain et toi.
Il y en aura peut-être d’autres, mais ça restera morcelé. Ce qui était intéressant, c’était le spectacle avec Sylvie Péquicho que nous avions fait venir de Rouen. Il n’a été joué que cinq fois en tout et pour tout... Ce n’est pas raisonnable d’investir des sommes pareilles pour un spectacle qui n’est joué que cinq fois, alors qu’une grande région comme l’Ile-de-France, avec ses moyens financiers, pourrait apporter une aide énorme à la chanson.
 
D’une manière plus générale, on ne peut pas dire que les pouvoirs publics fassent de la chanson leur cheval de bataille.
 
Tout le monde aime bien la chanson, on a bien vu Jean-Marie Le Pen fleurir la tombe de Georges Brassens... Je doute cependant fort qu’il apprécie ce genre de chanteurs. La chanson ne réclame rien aux politiques, on ne va pas aller faire la quête auprès d’eux... On demande simplement une reconnaissance de la chanson. On a vu souvent ces batailles qui se sont menées autour des quotas. Mais est-ce qu’une décision politique va régler le problème ? C’est quand même regrettable qu’on nous envoie le pire des Américains, le pire des Anglais, le pire des Portugais. Il y a quand même de la belle chanson dans ces pays-là, mais on ne l’entend jamais. Je pense que c’est un problème d’éducation. La chanson n’a pas l’importance qu’elle devrait avoir aux côtés d’autres apprentissages dans les écoles. Elle n’a pas la place qu’elle devrait avoir, par exemple, à l’hôpital ou dans les prisons. Le politique peut intervenir à ce niveau-là, mais pas en termes de quotas.
 
Non, mais elle peut faire quelque chose en termes d’exonération pour les petits lieux, de TVA à taux préférentiel pour les disques.
Il faut aussi qu’on s’approprie des réseaux. Il y a des associations comme « Spectacles en prison ». C’est vrai aussi pour les hôpitaux et les écoles. Ça, c’est pas politique, c’est simplement humain. Alors, le jour où les politique feront de l’humain, ils se pencheront sur ce genre de problème. Ce n’est pas de l’argent qu’on leur demande, mais une manière d’organiser des réseaux sensibles où la chanson pourrait prouver qu’elle représente quelque chose dans le cœur de chacun...
 
J’ai le souvenir très émouvant d’une petite dame à Saint-Pierre-des-Corps où je faisais un travail sur la mémoire collective de la ville. C’était un grand spectacle — avec Richard Galliano, Eddy Schaff, la fanfare et les choristes municipaux — qui racontait l’histoire ferroviaire, l’histoire de la résistance. C’était l’histoire de leur pays, tout simplement... Et cette dame vient me toucher l’épaule et me dit : « Je suis très contente de vous rencontrer — je venais de faire Bilou — vous m’avez sortie de la mouise » — « Ah bon, pourquoi ? » — « Ma fille était infirmière. Elle a été l’un des premières à mourir du sida, à la suite d’une piqûre. » J’ai été très touché. Souvent, quand on met de nouvelles chansons à son répertoire, on en élimine parmi les anciennes. Mais celle-là, je ne l’ai jamais retirée. Si une chanson a pu faire plaisir à une personne, je me dis qu’il faut laisser cette chanson tranquille.
 
On peut quand même trouver anormal que des artistes comme toi, et d’autres, ne passent jamais à la télévision...
Oui, mais si on se rencontre aujourd’hui, c’est bien parce qu’il y a des gens attentifs à ce qui se passe dans le milieu de la chanson. D’une manière générale, je pense qu’il ne faut pas dépeindre le public comme une victime. Je salue tous ceux qui font la démarche d’aller dans les salles de spectacles à la rencontre des artistes, de même que je salue les artistes qui vont à la rencontre du public. Il y a des gens qui, même avec un billet gratuit, ne se déplaceront jamais. Je ne vais pas les plaindre, mais je pense qu’ils passent à côté de quelque chose et, franchement, ils ne se prennent pas du bonheur plein la tête...
 
Pour nous, artistes, c’est un bonheur, pas un travail. Enfin, si, c’est un travail, mais dont la technique et l’effort sont complètement gommés. Quand on me dit merci à la sortie d’une salle de spectacle, je réponds merci aussi, parce que, quand il n’y a pas cet échange d’énergie, je ne peux pas recharger mes accus et je ne peux pas recharger ceux des autres. C’est ça le spectacle vivant. Et si on ne me voit pas à la télévision, ainsi que beaucoup d’autres artistes, le public n’a qu’à faire l’effort de se déplacer.
 
Moi, par exemple, je m’en veux de ne pas aller très souvent au cinéma ; je passe certainement à côté de quelque chose. J’aime bien le résultat du dernier Festival de Cannes qui est très surprenant et prime le cinéma d’auteur contre la paillette et le strass... On attend toujours que ce genre de choses se produise dans la chanson, notamment aux Victoires de la Musique, au lieu d’entendre toutes ces conneries dans des émissions de variétés dégoulinantes de néons et de suffisance... Ces petits mondes, ces microcosmes se croient détenteurs de tout ce qui concerne un art aussi vaste que le cinéma ou la chanson et la musique... Je trouve très bien qu’un jury aussi sophistiqué que celui du Festival de Cannes vienne faire une lézarde dans tout ce grand système à paillettes. C’est très encourageant. Il faudrait que la chanson suive ce mouvement.
 
Je vais me faire un peu l’avocat du public. Jusque dans les années 80, ce public, il était informé : il entendait des chansons à la radio ou voyait des artistes à la télévision, il pouvait aller acheter des disques chez des disquaires — ce qui est devenu de plus en plus difficile. Et puis, du jour au lendemain, il n’a plus eu cette information et il s’est trouvé devoir faire tout seul une démarche qui ne lui était pas familière, alors que, jusqu’ici, on lui mâchait complètement le travail.
 
Il y a aussi des responsabilités de la part des distributeurs. Les grands espaces de distribution ont subi le même sort que les radios libres, alors que l’on pensait que c’était des espaces de liberté. Je ne peux pas nier qu’on trouve beaucoup de choses dans les FNAC, mais il y en a encore énormément qu’on ne trouve pas, ou qu’on trouvera probablement de moins en moins...
 
Je ne peux pas me balader avec mes disques dans ma poche et faire mon VRP moi-même. C’est aux distributeurs de faire ce métier. Ils devraient être en parfait accord avec les producteurs et les éditeurs et faire en sorte que les produits qui sortent soient bien distribués et mis en place. Évidemment, en termes de marché, c’est tentant de vendre cinq mille disques en une semaine plutôt que de faire l’effort de se battre pour quelqu’un pendant six mois, pour qu’il arrive à en vendre dix mille. Pour ça, il faut qu’il y ait de l’amour. Je pense qu’il y a quelques années, ces métiers d’éditeur, de diffuseur ou de distributeur étaient des métiers d’amour qui nécessitaient une certaine réciprocité de la part des artistes. Les producteurs se déplaçaient dans les salles de spectacles, ils ne cherchaient pas à bâtir un « coup », mais des carrières.
 
Aujourd’hui, tout le monde attend, tout le monde constate qu’il y a un énorme malaise dans la chanson, mais ce n’est pas seulement aux chanteurs de le régler. Je me vois mal défilant de Nation à République avec une banderole en gueulant « Aidez la chanson ! »... C’est quand même aux gens de se décrotter les oreilles et de faire un effort ! Ce sera bientôt la même chose pour les libraires. Il est vrai que maintenant les techniques de diffusion vont changer, peut-être avec Internet... je ne sais pas !
 
Tu ne t’es jamais auto-produit ?
Si, le disque de l’Olympia est de ma responsabilité et de celle de Sally. Il nous a causé bien des déboires, mais ça nous a quand même permis de voir quelle était toute la chaîne de fabrication d’un disque. C’est un boulot que je ne ferai plus, ça nous a coûté fort cher, mais j’ai appris beaucoup de choses... La distribution coûte extrêmement cher et j’ai dû me transformer en VRP.
 
La bande de l’Olympia nous avait coûté 6 000 francs auxquels il faut ajouter le prix du livret, qui valait cher, parce qu’on voulait qu’il soit beau. Mais une fois que le master est fait, le CD — boîtage et galette — revient à dix francs. Et toi, tu le payes 120 francs... Moi, quand j’achète mes disques au distributeur, je les paye 80 francs et je touche... 1 franc 20 par disque vendu. Je ne parle pas des droits d’auteur qui sont à part.
 
Je parle sans aigreur ni jalousie envers les artistes reconnus qui vendent énormément de disques. Dans ce cas-là, l’opération est viable. Plus le produit est attendu, plus il est vendu et plus il y a de moyens mis en œuvre pour pousser à la vente. Mais nous, on ne peut pas demander à un producteur de mettre autant d’argent sur un artiste, qui est peu ou pas connu, pour le faire accéder à l’écoute d’un public potentiel. C’est un peu le piège dans lequel on est pris. Il faudrait quelque chose comme une banque commune... L’Adami, la Spedidam ou le Ministère de la Culture accordent bien des aides sur des opérations ponctuelles, mais il y a quand même des inégalités. J’ai énormément d’amis chanteurs qui ont dû regagner des bureaux ou avoir des activités en parallèle, parce qu’ils n’ont pas pu tenir le choc. On ne peut pas vivre avec famille et enfants avec des galas à mille balles par mois pendant dix ans... À un moment donné, tu craques et tu reposes ta guitare au clou.
 
Malgré tout, vu la manière dont le métier a évolué, il vaut mieux être un chanteur pas connu qu’un chanteur qui n’est plus connu. C’est très dur, quand on a été éjecté par une maison de disques, de reprendre le dessus. Quand tu as été illuminé pendant un certain temps et que les mêmes gens qui te tapaient sur l’épaule, en te disant « Salut coco, comment ça va ? », changent de trottoir en t’apercevant quelques temps après, c’est très dur à supporter. Être un chanteur pas connu, c’est moins grave.
 
Revenons en arrière. Arrivé à Paris, tu passes au Caveau de la Bolée, puis tu rencontres Henri Tachan qui va t’ouvrir les portes...
C’est la lettre que Tachan m’a écrite à Rouen qui a tout déclenché. Un ami, Didier Dervaux, est allé le voir avec les textes que j’écrivais à l’époque. Et dix jours après, il m’envoyait une lettre très chaleureuse et suffisamment convaincante pour qu’on fasse nos valises pour venir à Paris. Tachan a été vraiment une clé.
 
Je n’ai jamais été frapper aux portes, sauf pour aller me présenter dans les cabarets. À l’époque, je ressemblais à Colombo, avec mes baskets éclatées et mon grand imper... Renée de Devaingerie, qui était une femme extraordinaire, m’avait accueilli au Caveau de la Bolée. Je n’avais pas vraiment un répertoire adapté à la vogue des humoristes, et je me prenais cinq bides par semaine. Elle me disait en parlant du public : « Ne t’inquiète pas, ne t’inquiète pas, ce soir, ils ne sont pas bien. » Et quand ça marchait, elle me disait : « Non, non, tu as été mauvais comme un cochon ce soir ! » C’était une manière de me donner un coup de fouet, elle le faisait pour les artistes qu’elle aimait.
 
Quant au premier disque, c’est toujours le même ami qui, voyant mon manque d’entrain à frapper aux portes, a entamé la tournée de maisons de disques. Il a été voir Gérard Meys, avec la préface de Tachan. À l’époque, je chantais chez Georges et Gérard est venu me voir. J’ai fait deux disques chez lui, avec une première chanson pour Juliette Gréco et deux autres pour Isabelle Aubret. Entre temps, j’ai rencontré Jean Ferrat qui a écrit six musiques sur mes textes. À cette époque, j’ai écrit On était pas riche pour Linda de Suza et Karim Kacel a chanté J’ai peur.
 
Ces deux premiers disques datent de 1986 et 1988, avec des arrangements de Romain Didier. Ensuite, il y a eu la rencontre avec Pierre Barouh qui m’a donné l’opportunité de faire également deux disques, l’un avec Richard Galliano, l’autre avec Romain Didier
 
La rencontre avec Galliano a été la concrétisation de mon amour pour l’accordéon. J’ai entendu les arrangements qu’il avait fait avec six ou sept accordéons autour de l’œuvre de Piazzola et je lui ai demandé s’il voulait faire un disque uniquement « voce a mano ». Il a pris le pari et Pierre Barouh, qui est l’homme de tous les paris, lui aussi, a suivi les yeux fermés. Il nous a laissé toute liberté et le résultat a été ce disque dont je ne suis pas peu fier.
 
Le disque « N° 4 » avec Romain Didier est très orchestré.
Oui, mais il reste très acoustique, avec contrebasse et guitares. Il y a une atmosphère très gaie dans Le ferrailleur allemand ; on s’est un peu dégagé de la « gravitude ». On me fait parfois le reproche de chanter des chansons graves, mais tout dépend de la manière dont on les chante. Parmi tous les interprètes que je connais et que j’aime, je n’en connais pas un qui chante des chansons gaies... Mon parti pris est de chanter des mots que j’espère simples avec un peu... la banane, quoi ! Un spectacle de chansons, ce n’est pas la messe !
 
J’ai connu deux très belles aventures, l’une avec Gérard Meys, l’autre avec Pierre Barouh, et ensuite j’ai souhaité prendre un peu de recul. J’ai rencontré François Leduc, éditeur de musique classique, et Sylvain Lebel, qui a été mon directeur artistique. François Leduc n’avait jamais édité de variété et il l’a fait pour moi avec le disque « Nu ». Un prochain disque est prévu pour la rentrée de l’an 2000... Après, on verra. Je ne suis pas un de ces artistes qui clament « Il faut m’aimer, il faut m’aimer ! », mais tu as besoin, quand même, d’un relatif confort quand tu te lances dans une entreprise comme ça. Ça met toutes les chances de ton côté. Et là, je me sens en confiance, dans un joli cocon.
 
Sur ce disque, tu as choisi d’avoir un compositeur pour chaque chanson, ou presque.
C’était un peu du culot, parce que des artistes au nom plus prestigieux que le mien m’ont fait l’amitié d’avoir un regard sur mon travail avec beaucoup de gentillesse. Des gens comme Yves Duteil, Jacques Higelin, Kent, Georges Augier, Gilbert Laffaille, Dominique Pankratoff, Philippe-Gérard... Ça me plaisait bien, parce que ça ancrait mes pas dans ce sillage qui est celui de la chanson de variété, que j’ai toujours aimée du fait de sa diversité. Cela rejoint ce qu’on disait tout à l’heure au sujet des tiroirs : je ne tiens pas à me figer dans un style. Chaque nouveau disque est une nouvelle aventure. J’ai choisi François Bréhant comme arrangeur. C’est quelqu’un que je connais depuis mon adolescence, à Rouen. J’avais dix-huit ans et j’allais le voir avec des amis chanteurs. On en bavait déjà à l’idée de faire de la musique et lui était, à cette époque, un personnage très renommé à Rouen.
 
Ce ne sont pas des coups montés ponctuellement, ça participe de vraies rencontres, de réelles amitiés pour leur œuvre et pour ce qu’ils ont bien voulu me donner. C’est la même chose pour Nougaro, qui est un ami, et pour Henri Salvador qui m’a fait l’amitié de venir à France Inter dans l’émission de Foulquier, après avoir écouté mon disque. Pour moi, ce sont des choses qui comptent énormément. Je tiens à dire que je n’ai pas plus d’amis dans le métier de la chanson que je n’en ai chez les plombiers ou les peintres en bâtiment... Il se trouve qu’il existe autant de gens simples et vrais dans ce métier-là que parmi les obscurs et les sans grades. Je ne vis pas dans le strass, les paillettes et les petits fours des soirées parisiennes pour rencontrer des gens, mes amitiés se font naturellement.
 
Propos recueillis par Raoul Bellaïche, Colette Fillon et Jean-Paul Peyre au Café de la Mairie à Ivry.



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