Charlie Mingus (22 avril 1922 – 5 janvier 1979) était un contrebassiste, compositeur, et pianiste de jazz américain. Il était aussi connu pour son activisme contre le racisme.
Charles Mingus plays Piano
Il a apporté une contribution majeure au jazz, à la fois en qualité de compositeur et chef d'orchestre, mais aussi en tant qu'instrumentiste. De nombreux musiciens sont passés par ses différentes formations pour ensuite se lancer dans des carrières impressionnantes. Ses compositions, bien que mélodiques et marquantes, ne sont pas souvent reprises, ce qui est peut-être dû à leur caractère non conventionnel.
The Jazz experiments of Charlie Mingus
Son tempérament excentrique et souvent effrayant est presque aussi connu que sa musique. Son refus de compromettre son intégrité artistique et un certain nombre d'expériences traumatisantes liées au racisme ont provoqué de nombreuses éruptions de colère sur scène et ailleurs.
Charlie Mingus - Devil Blues
Une grande partie de la musique de Mingus est basée sur l'énergie du bebop et du hard bop, avec une forte influence du gospel. Mingus utilise aussi fréquemment des éléments du Third Stream, du free jazz, du jazz Nouvelle-Orléans et même de la musique classique, tout en évitant toujours les catégories et en créant une musique personnelle. Il s'intéresse à l'improvisation collective et est très attentif à l'interaction de chaque musicien avec la formation entière. Il écrit des parties instrumentales en tenant compte des spécificités de ses musiciens, ce qui le rapproche des méthodes de Duke Ellington pour qui il a une admiration sans limites.
Atteint par la sclérose latérale amyotrophique, il passe la fin de sa vie dans un fauteuil roulant. Les premiers symptômes de paralysie apparaissent au printemps 1977, et le diagnostic est établi le 23 novembre 1977. Sa dernière apparition sur scène a lieu au State University Theater à Phoenix, Arizona pendant l'automne 1977. Il est reçu par le président Jimmy Carter à la Maison-Blanche le 18 juin 1978 et décède six mois plus tard à Cuernavaca au Mexique.
1974 - Charlie Mingus - Flowers for a lady
Le Mingus Big Band, qui continue de donner des concerts, a été créé par Sue Mingus après la mort de son mari dont l'objectif est de jouer la musique de Mingus y compris les nombreuses compositions qui ont été découvertes après sa mort.
Biographie Enfance Charles Mingus naît le 22 avril 1922 dans une base de l'armée américaine à Nogales en Arizona. Sa mère, Harriet Sophia Mingus, est d'ascendance chinoise, anglaise, et afro-américaine, et son père, le sergent Charles Mingus, d'ascendance suédoise et afro-américaine. Après le déménagement de la famille Mingus dans le quartier de Watts à Los Angeles en Californie, Harriet Mingus meurt le 7 septembre 1922 de la myocardite. Charles Mingus père épouse alors Mamie Newton Carson le 1er juillet 1923.
Sa belle-mère ne permet à la maison que la musique d'église mais Mingus développe très jeune l'amour du jazz, particulièrement pour la musique d'Ellington. Il étudie le trombone puis le violoncelle. Une partie de la technique de violoncelle qu'il apprend est applicable à la contrebasse quand il choisit cet instrument au lycée. À 17 ans, Mingus prend des cours avec le contrebassiste Red Callender, puis avec Herman Rheinschagen, un musicien classique, anciennement membre du New York Philharmonic. Parallèlement à ses études classiques, il participe aux sessions hebdomadaires de Lloyd Reese, l'un des premiers pédagogues du jazz.
Bass - Charlie Mingus
Déjà à l'adolescence, Mingus écrit un nombre considérable de morceaux plutôt avancés; beaucoup sont semblables au « Third Stream Jazz » (tentative de «fusion» entre classique et jazz). Un certain nombre sont enregistrés en 1960 sous la conduite de Gunther Schuller dans l'album Pre Bird (en référence à Charlie Parker).
Bass - Charlie Mingus
Début de carrière Le premier engagement professionnel de Mingus est avec Louis Armstrong, au début des années 1940. Pendant cette période, il travaille aussi dans la région de Los Angeles avec le trompettiste Howard McGhee, le saxophoniste Illinois Jacquet, et la chanteuse Dinah Washington. Il dirige aussi sa propre formation, sous le nom de « Baron » Mingus, à la manière de Duke Ellington. Un enregistrement de 1946, Baron Mingus & His Octet révèle la forte affinité de Mingus pour la musique d'Ellington, et le jeu de contrebasse de Jimmy Blanton.
En 1947, il est engagé par Lionel Hampton. L'orchestre de Hampton enregistre la composition Mingus Fingers de Mingus qui acquiert rapidement une réputation de contrebassiste talentueux, et de compositeur prometteur. Mais Mingus ne reste pas longtemps chez Hampton, et le manque de travail à Los Angeles l'oblige à quitter temporairement la musique pour travailler en tant que facteur.
Mingus Fingers
En 1949, le vibraphoniste Red Norvo l'engage dans son trio, dont l'autre membre est le guitariste Tal Farlow. Cet ensemble bebop virtuose se distingue par l'originalité du format vibraphone / guitare / contrebasse, et connaît un succès considérable en 1950 et 1951.
Red Novo Trio - Move
Charles Mingus Live in Belgium, Norway & Sweden - 1964
Déménagement à New York Après avoir quitté le groupe de Norvo, Mingus déménage à New York. Il se produit en sideman avec Miles Davis, Billy Taylor, Dizzy Gillespie, Terry Gibbs, Stan Getz, Bud Powell, Lennie Tristano — et Charlie Parker qu'il accompagnera épisodiquement jusqu'à sa mort en 1955. Il fait brièvement partie de l'orchestre de Duke Ellington avant d'être licencié le 2 février 1953 à cause d'une dispute au cours de laquelle il menace le tromboniste Juan Tizol avec une barre de fer.
Massey Hall Toronto - 1953 - Night in Tunisia
En compagnie de sa deuxième femme Celia Zaentz Mingus et du batteur Max Roach, il fonde en 1952 le label de disques indépendant Debut Records (en), afin de publier leurs propres enregistrements mais aussi quelques séances de jeunes talents. Le 15 mai 1953, Mingus, Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Bud Powell, Max Roach se produisent au Massey Hall de Toronto. Le concert sera enregistré (Mingus rejouera dans le studio de Rudy Van Gelder les parties de basse inaudibles sur l'enregistrement live) et publié par Debut sous le titre Quintet of the Year: Jazz at Massey Hall. Le succès commercial de ce disque assure une sécurité financière au label, et une place dans l'histoire du bebop à Mingus.
En octobre 1954, Savoy Records lui propose l'enregistrement d'un premier disque sous son nom. À cette époque, Mingus donne à ses orchestres successifs le titre générique de Jazz Workshop, et ce nom sera aussi retenu pour l'album enregistré le 31 octobre 1954 avec John LaPorta, Teo Macero, George Barrow, Mal Waldron, et Rudy Nichols.
Premiers enregistrements majeurs La décennie à venir est une des périodes les plus créatives et productives pour Mingus, avec l'enregistrement d'une trentaine de disques environ en dix ans.
Charlies Mingus - Moanin'
En 1956, Mingus enregistre pour Atlantic en compagnie de Jackie McLean, Mal Waldron, J. R. Monterose et Willie Jones sa première œuvre majeure : Pithecanthropus Erectus. Ce disque introduit un nouveau style qui préfigure déjà le jazz plus libre des années 1960, avec certaines parties totalement improvisées.
En 1957, il rencontre Dannie Richmond qui restera son batteur préféré jusqu'à la fin de sa vie. Leur première collaboration est documentée sur The Clown, également chez Atlantic. La même année, il enregistrera Tijuana Moods, mais ce disque ne sortira qu'en 1962.
En 1959, Mingus sort trois disques majeurs : Blues & Roots (Atlantic), une sorte de retour volontaire aux racines de la musique noire américaine, .....
Blues and Roots
......Mingus Ah Um (Columbia), son disque le plus connu et le plus accessible, et Mingus Dynasty (Columbia).
Mingus Ah Um
En 1960, probablement en réaction au free jazz naissant, il enregistre Charles Mingus Presents Charles Mingus avec Eric Dolphy, Ted Curson et Dannie Richmond. Le disque sortira sur le petit label Candid qui appartient à un ami de Mingus, le critique de jazz Nat Hentoff.
Charlie Mingus presents Charlie Mingus Folks Form n°1
Charlie Mingus et Eric Dolphy The Complète Bremen Concert - 1960
En 1961, Mingus enregistre Money Jungle (Blue Note) avec Duke Ellington et Max Roach.
Money Jungle - Duke Ellington
«Epitaph» est une œuvre majeure de Mingus, une des plus longues œuvres de jazz jamais écrites. C'est une composition de plus de 4 000 mesures qui dure 2 heures et qui a été complètement mise au jour après sa mort par le travail de catalogage du musicologue Andrew Homzy. Avec l'aide la Fondation Ford, la pièce a été jouée pour la première fois le 3 juin 1989, 10 ans après sa mort par un orchestre de 30 musiciens dirigé par Gunther Schuller. Ce concert a été produit par la veuve de Mingus, Sue Graham Mingus, au « Alice Tully Hall ».
Discographie sélective 1955 : Blue Moods (Debut) avec Miles Davis
1955 : Chazz 1956 : Pithecanthropus Erectus (Atlantic) 1957 : The Clown (Atlantic) 1957 : East Coasting (Bethlehem Records)
1959 : Blues & Roots (Atlantic)
1959 : Mingus Ah Um (Columbia)
1959 : Mingus Dynasty (Columbia)
1960 : Pre Bird (Mercury) 1960 : Mingus at Antibes (Atlantic) 1960 : Charles Mingus Presents Charles Mingus (Candid) 1961 : Tonight at noon (Atlantic) 1962 : Oh Yeah (Atlantic) 1962 : Tijuana Moods 1963 : The Black Saint and the Sinner Lady (Impulse!) 1963 : Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus (Impulse!) 1963 : Mingus Plays Piano (Impulse!) 1972 : Let My Children Hear Music (Columbia)
1973 : Moves
1974 : Changes One (en) (Atlantic) 1974 : Changes Two (Atlantic) 1976 : Cumbia & Jazz Fusion (Atlantic) 1990 : Epitaph (en) (Columbia, posthume) 2007 : Cornell 1964 (Blue Note)
Avec Duke Ellington 1961 : Money Jungle (Blue Note)
Avec Red Novo 1995 : Red Norvo Trio with Tal Farlow and Charles Mingus: The Savoy Sessions (Savoy Jazz)
Cinéma En 1959 Mingus a composé la musique du film Shadows de John Cassavetes.
Shadows - Trailer - 1959
Shadows - Leia y el jazz
En 1968 Thomas Reichman a réalisé le documentaire Mingus: Charlie Mingus 1968. En 1998 Don McGlynn a réalisé le documentaire Charles Mingus: Triumph of the Underdog (78 minutes).
Reprise : De toutes ses compositions, son élégante élégie de Lester Young, «Goodbye Porkpie Hat» (de Mingus Ah Um) est celle qui a fait l'objet de plus de reprises, par des artistes de jazz mais aussi par des musiciens aussi divers que Jeff Beck, John McLaughlin, Eugene Chadbourne, Bert Jansch et John Renbourn avec et sans Pentangle. Joni Mitchell a chanté la chanson avec ses propres arrangements.
Elvis Costello a enregistré « Hora Decubitus » (de Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus) sur My Flame Burns Blue (2006).
Et Charlie Mingus a joué sur la Mémère de François Pierron
Photo Ysabelle Farge
Cela a inspiré une chanson à Patrick Ochs de la Rue de la Muette "Un couple scénique fantastique avec François Pierron, son contrebassiste. Je revois la contrebasse posée sur scène, dans la lumière, avant le spectacle. Il racontait que Charlie Mingus avait joué dessus et ça m'a inspiré une chanson : « La Valse de Mingus et B. B. King » (Album "Assez de Pognon"). C'est un joli titre qui m'a été inspiré par cette image et par une profonde discussion un soir en suisse avec David Cérésa mon contrebassiste qui a également été très impressionné par cette rencontre avec François. Je connaissais François depuis qu'il était petit; j'avais été très proche du chanteur Gérard Pierron, son père qui m'avait fait découvrir Gaston Couté. J’allais souvent chez lui en Touraine. Ma rencontre avec Gérard, le père de François alors que j'étais très jeune a été décisive." "oui... mais c'est aussi une chanson écrite dans le train en rentrant de suisse avec la mélodie principale enregistrée a cappella sur mon répondeur. j'ai rentranscrit les accords à la guitare en rentrant de cette tournée le plus vite possible pour ne pas les oublier, mais la tourne était très inspirée de celle de "siters off mercy" de Léonard Cohen. je l'ai enregistrée en démo seul à la guitare, enregistrée par Jon , mon fils, dans son home studio de l'époque. le pont sifflé est arrivé plus tard. c'est l'une des rares chansons sur laquelle je joue de la guitare à l'enregistrement. j'ai également un copain qui m'a raconté cette histoire de bb king que les gens rencontraient à l'entracte dans sa loge. il leur faisait des polaroids et ils repartaient avec ça! et Mingus que j'imaginais seul et fatigué jouant de la contrebasse dans un souterrain, le bruit des camions, des fenêtres sur un port en Irlande qu'on ouvre et qu'on ferme... voila ce qui m'a inspiré cette chanson."