Nos enchanteurs 
L'autre chanson

 
Loïc Lantoine, la chaussée des géants
Ajouté par Michel Kemper  le 4 avril 2013.
A propos de ...... J'ai changé


« M’sieurs, dames, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelles : la bonne c’est qu’il pleut pas dehors, la mauvaise c’est que je ferme. »
 
Un Loïc Lantoine est toujours de grand cru, vieilli en fût de chêne, loin des glands. Avec son sens de la formule à la Badaboum, son poids de bon sens et de parlé vrai, de verve ch’ti, de verbe insensé, sa poésie innée plombée de rocaille, essentielle. De grand cru et toujours différent du précédent, sans pour autant grand chambardement. Elle est loin sa « chanson pas chantée », concept un tantinet usurpé qui excusait jadis son irruption scénique, aussi saugrenue qu’un poil de cul dans un bol de caviar, et masquait à la manière d’un string ficelle son manque d’assurance malgré son drôle d’aplomb. Lantoine est chanteur, soyez en sûr, pleinement, toujours en suspension sur son fragile fil d’émotion. S’il n’a pas la voix de Caruso, il a en lui, dès le premier mot, toute l’émotion du monde, une façon de dire les choses, de lire la vie, de sonder les âmes, modeste et prodigieuse à la fois. Longtemps la zique lantoinesque ne reposait que sur la contrebasse inspirée, torturée, de François Pierron. Les rimes toutes aussi malmenées de Loïc appellent désormais renfort d’autres instruments : y’en a pas mal en ce disque : fort de sa belle équipe (Doherty, Philippon, Fiancette et Pierron), Lantoine gagne de nouveaux horizons musicaux qui ne manquent pas d’Eire et vont comme vers une Chaussée des géants se distraire d’onirisme. Mettre sur la platine un Lantoine, c’est comme partir. Drôle de voyage, routard que jamais, purs sentiers de poésie d’où vous revenez les souliers crottés, le visage fouetté de vent, rosi rougi de bouffées de tendresse. Y’a d’l’amitié, d’la fraternité. Y’a d’l’amour aussi, qui déchire un peu de la pudeur légendaire de not’ nordiste. Et puis la lutte, l’espoir, du Grand matin jusqu’aux grands soirs. Y’a tout Lantoine dans ce qu’il nous a de plus cher, de plus précieux, en un nouvel album déjà indispensable, plus riche encore. Le meilleur ? Ils le sont tous pareillement. Il est un chouïa différent. Magique, lumineux !
 
Loïc Lantoine, J’ai changé, Silène/L’Autre distribution.


 

Barjac 2012 : C’est pour l’amour, pas pour la gloire
Ajouté par Michel Kemper le 5 août 2012.


Barjac 2012 : C’est pour l’amour, pas pour la gloire
par Michel Kemper le 5 août 2012.

Peut-on, doit-on toujours écrire sur lui, nous donner de ses nouvelles ? L’été dernier, il était encore parmi nous. Enfin… pas tout l’été justement. L’Allain l’a tout tourneboulé cet été-là et le 15 août fut le 11 septembre. Quelle drôle d’idée vraiment de faire hymen avec la mort, de se passer la corde au cou…. Mais faut pas pour autant jouer Ferré et son "Il n’y a plus rien", parce que ce n’est pas vrai, parce que la chanson, même ainsi amputée du totem que fut à son insu Leprest, est et reste la chanson. Et que toujours on chante Leprest, plus même…
Automne, hiver, printemps et de nouveau été : cela fait quatre saisons qu’un peu partout on célèbre Leprest, à la juste mesure d’une émotion de puits sans fond. Il était évident, indispensable, que ces « Chansons de parole » saluent l’Allain. Aussi sûrement que Mont-Saint-Aignan ou qu’Ivry-sur-Seine, Barjac fut un de ses épicentres de vie. La mort rôdait pas loin de là, attendant son heure en affutant sa faulx.
Cours du château, donc, plat de résistance s’il en est de cette édition 2012. On va à Leprest, on fête le copain. Étrange communion qui longtemps nourrira les conversations. Alors, heureux ? Oui, à l’évidence, mais… Comment vous dire… C’est simplement dommage cette impression de bâclé, de pas répété, ou pas suffisamment, ces ratés sur scène (le Sacré coco partagé entre Francesca Solleville et Loïc Lantoine fut pitoyable) et ces feuilles de pompe parce qu’on ne connaît pas ses chansons : ça, c’est pas une manque de répétition, en bon professionnel on apprend ses textes à la maison, on les fait siens. Comme l’a fait Mouron, formidable interprète qui (qu’elle me le pardonne) n’a hélas pas toujours des textes à sa hauteur, qui là les avaient et les avaient appris, comme il se doit, respectant et le défunt et le public. Magnifique Mouron ! Un spectateur, plus tendre que perfide, de me dire que, sans feuilles à la main, les trous de mémoire auraient rendu plus encore hommage à Leprest…
Sur scène donc, Francesca Solleville, Loïc Lantoine et Mouron déjà cités, mais aussi Jamait, Jofroi, Jehan, Gérard Pierron, Véronique Estel et Natacha Ezdra. Le « grand orchestre » de Léo Nissim (en ordre de marche, lui). Et, en ouverture, un attendrissant maire de Barjac, Édouard Chaulet, qui nous relate son Leprest à lui, fait d’amitié et d’anecdotes, du Peppone et don Camillo apaisés sur l’hôtel de "Je ne te salue pas". L’édile se mue en conteur, mais que ne ferait-on pas pour l’Allain qui a si souvent déambulé dans les rues enchantées de sa commune ?
 Des grands moments, il y en a eu, largement de quoi repartir satisfaits, nourrir les conversations, tant qu’on n’en fera pas la liste et surtout pas le palmarès. Disons cependant le Saint-Max par Jamait, monument d’interprétation comme il est rare. Le fond de la bouteille ou La Gitane par Mouron, Mont-Saint-Aignan par Jofroi, Tous les proverbes nous emmerdent par Jehan et Lantoine, Quand Jo joue par Pierron… Et Sarment par Francesca, et… pas mal d’autres vraiment. Quand c’est le coeur qui parle et chante, ça donne un surplus d’émotions, la chair de poule, les poils qui se dressent et parfois les larmes qui perlent aux paupières, qu’on essuie discrètement par peur du ridicule : dieu qu’on est bêtes ! Ce n’était pas un concert, pas même un récital, non. Simplement une soirée autour d’Allain, comme pour un rappel, un chanteur qu’on bisse, qu’on ter, qu’on déterre et qui, le temps d’un tour de piste, nous revient de son long voyage. Et c’est vrai : en guise de rappel, dans la presque pénombre, devant ses copains, ce fut Leprest, le vrai, lui et sa Bilou. Leprest qui chantait et ce fut là le grand, indiscutablement le meilleur moment de cette belle soirée. Non qu’ils furent mauvais, loin s’en faut, très loin. Mais c’est l’Allain, bien une pointure au-dessus. A ceux qui n’y étaient pas, me croirez-vous : j’ai entendu chanter Leprest sur la scène de Barjac.





Loïc Lantoine : « J’ai toujours forcément des petites bêtises en tête »
Ajouté par Michel Kemper le 13 décembre 2011.





Lantoine, entre pas moche et vraiment beau
Ajouté par Michel Kemper le 7 avril 2011.


Lantoine, entre pas moche et vraiment beau
par Michel Kemper le 7 avril 2011.
Mes nouvelles Nuits critiques, Pas des poissons des chansons
Loïc Lantoine, 1er avril 2011, festival « Pas de poissons, des chansons ! », théâtre municipal d’Annonay,

« Je ne suis pas funambule, je ne brave pas la mort… » affirme-t-il néanmoins au détour d’une phrase, d’une envolée. Loïc Lantoine est sur la scène du théâtre d’Annonay et déjà ses mots déambulent de partout, se frayant mille passages entre les travées, entre nos oreilles. « Badaboum ! C’est ça la vie, ben ça résonne ! » Est-ce parfois ces vers avinés, et ces bars qui parsèment ses chansons comme les cailloux chez le petit Poucet, de peur de ne pas retrouver son chemin, Lantoine tient tant de Dimey que de Couté et de Leprest. Les trois réunis en un seul bonhomme et des mots qui parfois titubent, funambulent, tombent et fièrement se redressent, font la nique aux convenances, explosent en chemin, en ensemencent d’autres, pissent des histoires où vit la vie, où se niche l’espoir. Bon et mauvais garçon à la fois, qui vous raconte, vous chante aussi, sa vie, la vie et rien d’autre, dans ses désespoirs comme dans ses rêves de Rockfeller. Jadis, Lantoine était ce gars de la « chanson pas chantée », duo étonnant à peine négocié entre ses élucubrations et l’art singulier de son comparse et contrebassiste François Pierron. Pierron s’est trouvé depuis des camarades de jeu, qui à la guitare (Fil, qu’on a connu jadis chez La Tordue), qui à la batterie, et c’est un groupe, un quatuor, qui est devant nous, a amplifier plus encore ce désormais plein chant de notre chti. La musique est presque laboratoire, du free-jazz, free-rock, free reggae, fricassée, un rien fracassée.

«Y’a toujours mon copain Pierrot / Qui pose une main derrière mon dos… » C’est terrestre, terrien, terre et à terre. Et lunaire à la fois, brillant comme l’astre, la tête dans les étoiles, en cosmonaute du verbe. C’est déferlante de mots qui ne connaissent d’académie que la nudité, celle des sentiments, des émotions toujours à vif. Qu’il se chante ou dise Norge, qu’il chuchote des mots à peine audibles ou s’engouffre en de nouvelles luttes sociales, Lantoine distille une poésie rare, étonnant et permanent feed-back entre l’intime et l’universel, entre le pas moche et le vraiment beau. Lantoine est indispensable !





Loïc Lantoine se met en quatre…
Ajouté par Michel Kemper le 17 mai 2010.


Loïc Lantoine se met en quatre…
par Michel Kemper le 17 mai 2010.
Mes nouvelles Nuits critiques

Hier donc, sous les volutes de toile du Magic-Mirrors, nos retrouvailles avec l’ami Loïc, histoire de cogner les vers et de trinquer à l’intelligence des mots…
C’est du Lantoine en partie tout neuf, pas encore sorti de l’emballage, pas même pressé… on a le temps. Qui s’entiche qui plus est de musique, rompant ainsi l’isolement du complice et frère François Pierron : faut désormais partager la couette des notes avec Fil (Éric Philippon, ex-La Tordue) à la guitare et Joseph Dohery au violon et à pas mal d’autres instruments. Qu’en est-il de cette musique ? Dans domiciliation fixe, grapillant aux genres, du rock au free-jazz, avec cependant des (magnifiques) effluves trad’ plus souvent que d’autres. Et sa chanson-pas-chantée ? Elle prend pas l’eau, simplement l’air, qui parfois fouette ses rimes. Il n’est pas dit que les notes apportent toujours au propos, si ce n’est une tension supplémentaire, un cran au-dessus. Et l’expulsion, badaboum ! La musique est parfois la vaseline du verbe, qui aide au passage. Loïc Lantoine est d’abord et avant tout un fabuleux diseur, un poète de grande rusticité, pas fait pour la belle typographie de La Pléiade mais pour se répandre en nous, directement du producteur qu’il est à nos oreilles, à cogner nos émotions, violemment les bousculer. Il est en cela l’héritier, je crois, de Gaston Couté : Lantoine puise pareillement ses mots dans l’enfance et dans l’amour, dans ses révoltes aussi, ses tempêtes, fussent-elles parfois de fond de verre. Difficile ici, et quelque peu vain, d’extraire deux trois phrases hors leur contexte, de tirer les vers du nez de Lantoine. La poésie est à boire à sa source. Pas mal de titres nouveaux donc, qu’il lui faut désormais polir ou fracasser le long des routes. Et d’autres, tirés du passé, érigés en grands classiques, vers à jamais saillants, au débit saccadé comme un jet hoquetant amoureux de son propre rythme. Avec ces mots superbes, agencés comme pas deux, bouffés, pétris d’émotion. On ne sort jamais indemne de Lantoine, jamais.





Les élucubrations de Lantoine
Ajouté par Michel Kemper le 20 octobre 2009.


Les élucubrations de Lantoine
par Michel Kemper le 20 octobre 2009.

Il a un look à faire la manche dans un tunnel. Et une voix qui vous laisse sans voix, qui vous enivre, grave qu’elle est, gorgée de verbe, de pure poésie. Une voix de la famille de Leprest et de Paccoud, de Bohringer et de Léotard, âcre, râpeuse, de ceux que les rimes, à force d’être charriées, en ont comme brisé le velouté. Car Lantoine, c’est ça : une déferlante de mots, souvent orphelins de portées, nus. Lantoine, c’est aussi François Pierron, son contrebassiste, son alter ego, tous deux unis comme deux socquettes pareilles. Pierron ne met pas en musique les textes, mais fait contrepoint, de ses doigts sur les cordes, de ses poings sur le bois d’un instrument qui va comme autonome. Lantoine est un diseur, un rêveur de haute voix, qui s’est incrusté dans l’horizon chanson. Il est comme la poésie des chemineaux, comme l’était celle de Gaston Couté, élucubrations de purs poètes, nourries, par Lantoine, du quotidien, du travail, de la tâche et des humaines relations, amour inclus. Et si l’artiste n’est pas encore gavé de sa propre parole, il s’en va au fond de ses poches « faire la pêche aux riens, là où j’ai posé du c’est moins-moche » pour en tirer un papier plié imbibé d’autres mots superbes. Superbe, le mot est déjà petit pour qualifier Lantoine : c’est simplement essentiel.




































 






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