Radio Oloron


En partenariat Radio Oloron, le Service Spectacle Vivant de la CCPO et Oloron Prévention proposent aux jeunes de travailler sur la réalisation d’émissions de radios en lien avec la programmation de l’Espace Jéliote.       
L’objectif est de proposer plusieurs entrées pour travailler sur différents contenus : retour critique d’un spectacle, micro-trottoir .... 

 
[Archive de l'interview]
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Zacharia et Samy : Vous avez enregistré avec un groupe de Rap RedBong "coup de grisou"[-remix]
 
Loïc Lantoine :  Bah oui, on a fait ça et c'est des gars qui bossent à Saint Etienne, et qui pratiquent un rap vachement ouvert. Ils avaient envie de faire un peu des cascades avec un instrument, comme on dit, organique, une contrebasse, un truc en matière et pas uniquement en électronique. Et puis, avec un imbécile comme moi qu'aime bien le rap mais qui le pratique pas, mais qui en même temps  est sur une parole qui peut se rapprocher parce que, quand il s'agit du rap que j'aime, on parle à peu près de la même chose.

 
 
- apprendre à écrire ? (extrait audio de "Loic Lantoine et l'écriture")
Surtout pas, oh la la ! C'est un sport d'imbécile ! Si on doit apprendre ça, on est foutu, parce qu'on va tomber dans la référence, dans le "à la manière de ...". J'ai remarqué ..... Des fois de temps en temps, j'ai eu le goût de faire, surtout quand c'est hors scolaire, des ateliers avec des gamins ou des trucs comme ça. On remarquera toujours que le meilleur c'est le dernier de la classe. Les bons, ils vont faire, je sais pas pourquoi ..... il paraitrait que dans la poésie, il faut inverser les adjectifs. Alors au lieu de dire la prairie verte, ils vont dire la verte prairie. Et on s'emmerde ! Parce que c'est du convenu. Alors que quelqu'un qu'a pas de référence, et qu'il s'aperçoit qu'à un moment il peut cracher sa Valda,  alors là, ça devient ..... Non, non, ça s'apprend surtout pas écrire. Il faut surtout pas avoir peur, il faut casser ..... On s'est fait un petit peu avoir à l'école, beaucoup d'entre nous, parce qu'on nous a bien expliqué qu'il fallait savoir son orthographe et sa grammaire, mais qu'il fallait pas toucher à ces machins là parce que c'était le domaine, le territoire des génies.  Des hommes quoi ! Alors pour le reste on peut écrire plus ou moins bien et puis avoir envie, juste d'accompagner une musique, On fait c'qu'on veut, mais c'est vrai qu'on nous a vachement complexé. Moi quand j'étais petit, j'aurai jamais osé prendre un  crayon puisque c'était le domaine réservé des génies. Moi, mes histoires, c'est des petits machins, du vol piqué dans les bistrots ou au coin de la rue,  remis vaguement en habits du dimanche et restitué. Moi, j'suis un Robin des Bois de l'amour : j'pique tout, et j'rends tout, le soir venu, 20h30, habillé correct avec une chemise qui fait pas honte à ma mère. Depuis que j'ai découvert ce métier à la con, c'est c'que j'préfère faire. Et écrire, moi j'écris jamais pour me soulager, mais pour faire plaisir, pour faire l'spectacle. C'est ça mon boulot : un vrai plaisir de dire aux gens, bon, bah voilà, j'ai fait ça pour vous, ça vous plait ?
Tu préfères poser des questions, c'est trop long ma réponse
(rires)
 
Z et S : Vous dites que vous faites de la chanson pas chantée, c'est pas du slam, pas du rap, vous faites quoi alors ?
 
LL : Bah, j'me débrouille. Au lieu d'avoir envie de faire ce que j'aimais, c'que j'avais envie de reproduire,  moi j'avais envie de rien reproduire .... j'avais un copain qu'avait quelques trucs à proposer, moi j'avais deux trois bricoles en route, et puis on a installé une petite esthétique toute pourrie à nous, et ils se trouve que depuis on tourne depuis 10 ans avec ça. C'est pas réfléchi, c'est juste parce qu'on s'entendait bien.
 
Z et S : Vous ne vous sentez pas un peu inclassable ?
 
LL : Bah si je l'suis, j'prends ça pour un compliment camarade !
 
Z et S : Dans votre répertoire, quelle chanson est la proche du slam ?
 
LL : Je sais parce que tu sais, à force de faire les choses qu'on a envie de faire, on sait plus c'que ça veut dire. Le slam, au départ, si moi j'me réfère à quand j'lai rencontré, sur le film américain, avec les gus qui chantaient en zonzon, je vois qu'on est sur une poésie urbaine, j'comprends bien ça. Moi à l'époque, j'démarrais un p'tit peu mes bêtises à Paris, et c'était des mélanges avec des types qui venaient du hip hop comme d'une vieille mémé qui se souvenait par cœur du texte qu'elle avait appris par coeur à l'école; Jean De La Fontaine ou j'sais pas quoi, et tout ça s'mélangeait en disant ben voilà, tu fais un morceau, t'as droit à une boisson et puis tu rencontres et c'était vachement mélangé. Et c'est c'que j'ai aimé, c'était qu'c'était très ouvert. Après, artistiquement, s'il y a une esthétique slam, j'sais pas. Après si tu dis qu'il faut parler comme ça (imitation voix trainante) , et c'est du slam, et si tu parles comme ça (imitation voix plus nasillarde)c'est du rap .... j'en sais rien. J'me laisse aller et quand j'vois des gens qui font des trucs bien, peu importe l'étiquette qu'on leur a mis d'ssus, ou qu'ils ont bien voulu s'laisser coller. Moi y'a des trucs qu'j'aime bien et y'a des trucs qu'j'aime pas.
 
Z et S : Peux-tu nous parler de Dgiz ?
 
LL : Dgiz c'est la mitraillette qu'a une technique en rap qu'est infernale mais qui est un improvisateur de fou. J'l'ai regardé bosser un peu parce qu'il est vraiment terrible. Lui aussi d'ailleurs il aime bien mélanger les genres, c'est à dire que Dgiz, il bosse régulièrement avec des imbéciles comme moi ou d'autres. Il aime aller à la rencontre des gens et bosser avec des instrumentistes, pas forcément, uniquement avec des machines. Alors, j'l'ai regardé bosser parce que maintenant, je sais c'qu'il fait faire maintenant pour improviser, c'est un truc infernal. Il faut avoir 10 000 p'tits gimmicks ou façons d'se rattraper ou des trucs qu'il connait par cœur etc , c'qui fait qu'il peut t'arranger un nom, un prénom, une situation, un endroit où on est, il va toujours retomber sur ses pattes si jamais son flot d'improvisation, il va un p'tit peu s'ralentir, il va pouvoir amorcer la pompe à nouveau. Parce qu'il a plein de trucs pour s'accrocher aux branches qu'il connait par coeur. Et Dgiz il est hyper fort. J'aime le rap parce qu'on a remis le stylo dans les mains du populo. C'qui m'a parfois agacé dans l'rap c'est l'ego trip, c'est à dire "c'est moi l'meilleur, j'vais t'marcher d'ssus, j'vais m'en sortir et j'aurai pleins d'caillasses et des super gonzesses". Ça, ça m'soule parce que c'est comme si les mecs, pour s'sortir d'la galère dans laquelle ils sont, il fallait marcher sur la tête des autres. J'suis pas d'accord avec ça et Dgiz il pratique ce truc en disant non, il réfléchit plus, même si c'est un type qu'a la rage, il réfléchit plus au partage et à l'envie de faire ensemble et de construire. En tout cas, il trace sa route, il attend pas les autres. Et il est prêt à entendre n'importe qui qui aura quelque chose à lui proposer.

 
Z et S : Vous pensez que vous pouvez faire pareil que lui ?
 
LL : Que Dgiz ? ! ! A la voix, non, c'est impossible. On a chacun nos trucs et Dgiz il est hyper balaize ! Tu l'as écouté faire ?

 
Z et S : Non
 
LL : Bah faut qu't'écoutes ça un p'tit peu, tu vas voir le mec à la mitraillette, il t'met 50 mots à la seconde. J'peux pas suivre là ! J'sais qu'j'parle vite mais là ......

 
Z et S : Sinon, vous savez faire du vrai slam ?
 
LL : C'est quoi du vrai slam ? Fais m'en un, j'essaye et j'te dis.
 
Z et S : Non, bah non, j'sais pas en faire. Mais c'est un truc improvisé.
 
LL : Nan, le slam, c'est pas forcément improvisé, ça peut être très écrit. L'impro, oui, t' a l'heure on parlait de Dgiz, oui, c'est une vedette (de l'impro). Le slam, c'est quoi finalement ? C'est déposer c'qu'on a envie de déposer, et y'a pas forcément d'musique. Ça veut dire quoi ? C'est dire les choses, mais les avoir réfléchi avant. Tu les improvises ou tu les improvises pas, si t'écris n'importe quel texte. Du vrai slam, oui, j'sais en faire, ou alors personne ne sais en faire. J'crois que le slam ça veut rien dire en tout cas. On a compris à un moment, le slam ça représentait plus une façon de regarder les choses qu'une esthétique, qu'une façon de faire artistique, un truc qui ressemble à quelque chose. Et si, aujourd'hui, t'entends des gens qui, dès qu'il commencent à faire un truc "Ah ça, c'est du vrai slam !" , pourquoi tu reconnais ça, parce que c'est trop fait et qu'ils sont à la ramasse de quelque chose et tu dis "ah ouais, comme d'habitude !". Moi j'ai pas envie de faire des trucs qui ressemblent à c'qu'i' font les autres. J'ai envie d'me laisser aller à qui j'suis quoi.
 
Z et S : Ca veut dire quoi sliper, sliper ?
 
LL : Ah ! C'est pasque c'est le groupe, les Têtes raides, qu'a monté un label qui s'appelle "Mon Slip". Pourquoi ? Pasque c'était une chanson qu'ils avaient faite et qu'ça les faisait marrer quand ils ont déposé les statuts. Pasque quand tu bosses dans c'label là, tu rencontres les même problèmes, c'est à dire que .... "oui, on a une chambre qu'est réservée pour le label "Mon Slip" " .... c'était juste pour embêter les banquiers quoi ! On ouvre une boîte, et ça s'appelle pas la société générale ou Paribas ou j'sais pas quoi, ça s'appelle "Mon Slip", ça les faisait marrer, ça m'fait marrer aussi, j'espère que ça vous fait rigoler aussi .... C'est pour embêter les banquiers, voilà !
 
Z et S ; C'est une banque "Mon Slip" ?
 
LL : Nan ! C'est un producteur de disques. Quelque part, c'est une banque, mais c'est une banque pour disques.
 
Z et S : (rires) la banque "Mon Slip" !!!
 
Z et S : Ouais, mais c'est pas bien d'trainer dans les bars !
 
LL : Pourquoi c'est pas bien d'trainer dans les bars ?
 
Z et S : J'sais pas, y'a plein d'alcool ....
 
LL : Tu vas pas m'faire la misère ! J'pourrai être ton père, et mois je vis d'une façon .... J'suis un garçon respectueux de tout le monde, j'attends de personne d'm'faire la morale, et j'attends de tout l'monde de m'donner des conseils si tu veux. Si tu m'donnes un conseil, je veux bien, si tu m'fais la morale, j'vais t'envoyer bouler. (rires) Mais trainer les bistrots, c'est vachement bien. Pourquoi ? Parce que ce sont des carrefours de rencontre, avec des gens qui viennent, et qui boivent aussi, tu sais, du Coca, du thé, du café, .... y'a des cafés sans alcool. Moi, j'ai pas fait d'spectacle encore, j'peux pas m'permettre de faire n'importe quoi. Parce que j'ai un métier moi, figure toi, et quand on veut faire son métier correctement, on peut pas faire n'importe quoi. On peut pas boire à l'excès. Tout est une histoire de mesure. C'que vous êtes en train de me raconter, pour moi, c'est un excès. Vous dites, c'est pas bien d'aller dans un bistrot, pasque les mecs, ils vont être bourrés. C'est un excès parce que vous ne respectez pas la possibilité des gens de faire comme ils le sentent.
 
Z et S : Donc c'est dans les bars que t'as pu faire des rencontres. 
 
LL : J'ai fait des rencontres magnifiques dans les bars, y compris avec des gars ivres morts, mais aussi avec des gens qui tournent au café, au thé ou à la menthe. Dans ces endroits, ce sont des carrefours où on est en dehors de chez soi et où on se rencontre, et là-dedans, on voit des imbéciles comme des gens sublimes qui changent la vie. C'est juste une envie de rencontrer des gens, et un bistrot au départ, c'est fait pour ça, c'est pas fait pour se déchirer.
 
Z et S : Y'a d'autres endroits pour faire des rencontres, par exemple, les boîtes.
 
LL : Tu parles des filles ! J'te parle pas de ça moi. J'te parle de gens qui vont m'apprendre à comment j'peux réfléchir par rapport à l'état du monde ou comment j'peux m'comporter mieux avec des gens qu'j'rencontre. J'te parle pas d'aller draguer des filles.
 
Z et S : En boîte aussi y'a des garçons !
 
LL : En boîte, t'as des grosses discussions politiques peut être ? Tu rigoles ou quoi ? ! !
 
Z et S : Sinon, tu peux nous parler un peu de ton quartier quand t'étais ado ?
 
LL : C'est un super quartier mélangé, ça s'appelle Wazemmes, c'est un quartier à Lille où les gens ont toutes les confessions, toutes les classes sociales, enfin, surtout, pas forcément les plus avantagées, on va dire. Et c'est pour ça que j'me permets aussi de rigoler quand vous m'faites la morale avec vos plans, et qu'j'ai peur sur vous, quand vous vous mettez à me regarder comme le .... j'sais pas .... j'suis qui moi, le général de Gaulle ou le mec qui vote ... ou Marine Lepen ... Qu'est ce qui nous fait chier, on est obligés d'aller bosser avec l'autre con de blanc là ! Moi j'ai pas connu ça. Parce que j'ai toujours connu le mélange et que j'm'éclate, et que mes potes, i' s'appellent Morad, Fati .... et qu'on se pose pas la question. Et dans mes potes qui s'appellent comme ça, figurez-vous qu'i'en a qui mangent du jambon, et ils sont très heureux quand même hein ! Tout va bien quoi ! Et par contre, y'a aucun soucis avec ceux d'mes potes qui mangent pas d'jambon. Je m'en fous. Du moment qu'les mecs i' m'respectent et que notre vie elle progresse ensemble. Qu'on devienne des hommes meilleurs petit à petit. Et ce quartier là, dans lequel j'ai grandi, il m'a permis de vivre ça et j'en suis fort heureux.
 
Z et S : Pourquoi t'es parti de ton quartier d'origine ?
 
LL : Ah j'suis pas parti longtemps, j'y suis r'venu en fait ! J'suis parti 7 ans à Paris. Quand t'habites une ville un p'tit peu plus p'tite comme la mienne, j'viens de Lille .... vous voyez où c'est .... à côté d'la frontière belge, tout au nord ....
 
Z et S : y'a les ch'ti ...
 
LL : Voilà ! Ah ! T'as vu l'film et tout ça ! J'viens d'là oui. J'avais plus envie de faire de la musique évidemment. C'était plus simple d'aller faire tourner des chapeaux, proposer des trucs, sans avoir à faire des dossiers d'presse ou d'mander à des maisons d'disques si elles voulaient bien bosser avec nous. En faisant comme ça, ce sont ces gens qui sont venus nous voir en disant "qu'est-ce qu'on peut faire pour vous aider ?". Ça s'est bien passé pour nous. Et une fois que tout a été bien installé pour moi, bah j'suis r'tourné dans mon quartier et j'suis bien content.
 
Z et S : Quel était ton rêve petit ?
 
LL : J'sais pas. D'être tranquille. Mais ça a pas marché ! J'reste un angoissé, vous avez vu, j'parle comme une mitraillette et j'fume des clopes. Mais après, mon rêve il a changé maintenant. J'rêve plus maintenant  d'harmonie. J'aimerai bien qu'ton p'tit frère il m'regarde pas en disant "hé, toi t'es pas pareil que moi". J'aim'rai bien qu'tu m'regardes comme un pareil que toi. Ça fait partie, à l'intérieur d'mon rêve ..... Ça existe en tout cas ... Le fait que tu m'regardes "Eh ! C'est un bonhomme comme moi !". Elles sont où nos différences ? On a peut-être quelques différences, mais on a surtout un paquet de ressemblances.
 
Z et S : Oui, on est des êtres humains !
 
LL : Et en plus de ça, I' s'fout d'ma gueule ! T'as raison ! Evidemment ! Mais y'a pas qu'ça là-dedans. Je suis sûr que t'es capable d'être aussi sympathique que toi, et de faire attention à tes amis et à ta famille comme moi j'suis capable de l'faire. Donc à partir de là on se ressemble quand même pas mal non ?
 
Z et S :  Qu'est-ce que tu voulais faire quand t'étais petit ?
 
LL : Comme tous les imbéciles dont j'faisais partie, pompier. Et ça s'est vite arrêté. Mais tu sais, pompier, ma p'tite sœur, elle voulait faire infirmière, des trucs à la con. Heureusement, j'ai pas voulu faire flic hein !
 
Z et S : Parce que ça soule les flics !
 
LL : Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
 
Z et S : T'as à peine jeter un papier de j'sais pas quoi, il te disent "ramasse le !" S'ils te voyent !
 
LL : Et si ils te voyent pas ça soule pas .... oui ... bah débrouille toi avec ta vision des flics. Moi c'est pareil, mais c'est vrai que quand j'les croise, moi, j'suis pas forcément à l'aise, mais j'suis persuadé qu'ils  ...... Y'a un chanteur, un grand slameur, Georges Brassens, j'sais pas si vous l'avez connu ....
 
Z et S : Georges Bush ?
 
LL : Mais non !!!! Pas Georges Bush, cui là c'est une crevure. Non, j'parle de Georges Brassens. Bon, est ce que vous avez des références assez précises quand il a fait "gare au jaguar", Joe Star quand il est r'venu là, il faisait référence à Georges Brassens, c'est un gars qu'a démarré dans les années 50, et qui expliquait qu'il aimait tellement pas les flics, qu'il préférait traverser dans les passages cloutés, pour jamais avoir à faire à eux.  Moi aussi j'essaye quand j'me balade quelque part, d'être tout le temps à peu près dans l'cadre, pasque que, j'ai vite tendance à pas forcément les aimer beaucoup.
 
Z et S : Vous savez qu'ça passe à la radio ?
 
LL : Mais j'ai l'droit d'dire qu'j'aime pas les flics ! Mais j'peux dire plus ! J'aimerai une police magnifique.
 
Z et S : Qui nous laisse faire tout ....
 
LL : Non, non ! J'aimerai une police intelligente et qu'il n'y ai pas d'soucis, parce que les premiers flics que tu croises dans la rue, c'est souvent des mecs qu'ont passé les derniers concours, les plus faciles à avoir. Moi, j'pense que pour être flic, il faudrait passer un concours hyper difficile et avoir un bon salaire derrière et qu'il n'y ai que des super brutes, plutôt que de se taper un ramassis d'imbéciles malheureux et légèrement aigris.
 
Z et S : La prochaine fois que vous allez marcher, vous allez vous retrouver dans le commissariat !
 
LL : Non, j'ai rien à me reprocher !
 
Z et S : Et ça ?
 
LL : Mais ça j'le pense, c'que j'viens d'dire, j'le pense ! Après si jamais j'dois en discuter avec qui que ce soit, là, j'vais pas aller au commissariat. J'pourrais avoir un procès, allez en justice. J'peux pas aller au commissariat pour être embêté, mais on pourrait décider que c'que j'dis c'est contre la République, moi je pense que non. T'inquiète pas , c'que j'ai dit, ça m'vaudra pas un procès, du tout. Mais je suis prêt, un jour, d'être responsable de mes paroles, pasque des actes répréhensibles, j'en commets pas, mais mes paroles, oui, de dire que j'trouve qu'il y a une proportion anormale chez les flics  d'imbéciles, ça j'peux l'dire, j'le pense.
 
Z et S : Et si un copain à toi il fait le métier ? Il va te dire quoi ?
 
LL : Si c'est un copain à moi ? Je serai fou heureux ! Je te dis que je veux une police magnifique, avec des gens intelligents qui te protègent et qui t'aiguillent. Pas des gens qui sont tellement en colère par leur situation qu'ils deviennent aigris et qui vont faire la misère à des gens qui sont encore plus dans la pauvreté ou dans la  misère que eux. Ça m'étonnes pas qu'un flic peut devenir complètement con, nique un pauvre, c'est notre lot à tous, moi, c'que j'espère, c'est qu'on s'mélange suffisamment pour avoir tous les moyens de devenir meilleurs qu'on est chaque jour. En se mélangeant, en se rencontrant, en se respectant, en partageant, en s'apprenant pleins de choses, on peut progresser vachement vite quoi ! Moi, j'vous souhaite ça les ch'tiots ! ....... Moi, j'ai eu la chance de rencontrer des gens qui m'ont fait grandir et je pense avoir eu la chance d'en faire grandir certains ... Dont certains étaient dans des misères, j'suis persuadé qu'ils pouvaient t’nir des propos bizarres, comme toi, quand t'es arrivé et qu'tu m'as cherché, et qui aujourd'hui, sont des gars d'une tolérance infernale,  mais qu'ont du respect pour certains des religions aussi. Moi, la religion, c'est pas mon truc. Mais j'respecte, tant qu'on m'marche pas dessus quoi !
 
Z et S : Est-ce que ça vous énervais pas quand vous écriviez pour les autres ?
 
LL : Bah finalement, j'lai pas fait longtemps. C'est ce que je voulais faire au début. J'avais un p'tit peu la honte là, alors j'préférais qu'les autres ils le fassent. Mais comme j'osais pas leur filer l'papier, j'préférais dire quand même. Et au bout d'un moment on t'propose d'faire et c'est comme ça qu'ça s'est enquillé.
 
Z et S : C'était pas protection qu't'avais pas envie d't'exposer toi au début ?
 
LL : J'ai rien compris moi à c'métier là, j'le fais, c'est un malentendu hein ! C'est un malentendu mais maintenant, j'ai un vrai métier, par respect pour mes parents ....
 
Z et S : Tu t'en fous ...
 
LL : Nan, j'm'en fous pas du coup ! Tu sais mes parents, ils ont eu quand même des vies .... ils ont super ramé, ils ont vécu des trucs pas marrants, leurs parents à eux c'était encore pire, ils ont eu la chance, peut-être à un moment, de nous offrir quelque chose d'un petit peu mieux, et moi, j'ai commencé à faire un boulot de n'importe quoi.  Donc ça les a vraiment fait flipper.  Mais aujourd'hui, j'prends ça au sérieux, j'estime que j'ai un métier et j'le dois à tous les gens qui nous font venir, l'équipe ici d'l'espace Jéliote, mais j'le dois aussi aux gens qui vont v'nir voir le spectacle, c'est à dire, les gens pour qui j'fais l'métier. Si j'suis plombier, ce sera pour le mec à qui j'répare le tuyau hein ! C'est pareil ! Et puis j'le doit aussi, quelque part, à mes parents parce que c'est important pour moi qu'ils considèrent que je fais un métier sérieusement et qu'ils se sont battu pour que je puisse faire ça.  Pour moi, c'est important !
 
Z et S : Pourquoi vous dites qu'ils se sont battus, c'est vous qui vous êtes battu pour le faire ?
 
LL : Mais t'as raison ! Parce que moi aussi j'ai pris un autre chemin ! T'as raison, mais quand même, ils ont essayé de faire en sorte que j'puisse .... tu vois .... être le mieux possible. En me donnant des valeurs, des pistes de respects et d'envies quoi. Après, y'a plein de trucs que j'ai envoyé bouler là-dedans parce que j'ai pas compris, ou parce que j'avais trop peur. J'sais pas. Mais aujourd'hui, j'ai 37 ans et j'pense que j'respecte ça que j'ai pas forcément compris quand j'avais 15 ou 25 ans.
 
Z et S : Ben c'est bon ! Et ben merci pour l'interview.
 
LL : Merci les gars ! J'suis content d'vous avoir rencontré, pasque y'en a un qu'est plus merdeux qu'l'autre !








































































 



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