Bourges 23/04/2004 - En direct du Printemps Les Têtes Raides donnaient hier leur premier concert officiel, à la Hune, grande salle de la maison de la Culture, en partageant l’affiche avec les artistes de Mon Slip, leur label de disques. Outre le cabaret grinçant de Pusse, la soirée s’ouvrait donc avec Loïc Lantoine, auteur d’un disque très remarqué en début d’année, Badaboum. Et badaboum, justement: voici un artiste d’exception. Un chanteur? Pas tout à fait puisque, d’un point de vue technique, il ne chante guère. Il parle, scande, mélodise parfois sur quelques notes, un peu comme Léo Ferré dans Le Chien ou Le Conditionnel de variétés. Mais c’est bien de la chanson, avec des couplets, des refrains, une écriture exigeante et populaire. Et puis de la musique: le contrebassiste François Pierron (d’ailleurs fils du chanteur Gérard Pierron) joue un accompagnement très rythmique, expressionniste, éruptif. Loïc Lantoine, personnage incandescent aux gestes d’oiseau ivre, ce serait un chanteur d’après Jacques Brel, mais qui n’aurait rien oublié d’Aristide Bruant. Sa parole - singulière, heurtée, truculente, comédienne – s’enracine dans la réalité sociale populaire des villes du Nord («Par chez nous», dit-il souvent). Dans ces histoires de bistrot, de solitude partagée, d’humains dont les vies de frottent les unes aux autres, il jette de larges poignées d’amour, de fraternité, d’empathie. On retiendra ainsi Faut pas dire de mal de Johnny, qui est peut-être la plongée la plus instructive qui soit dans l’univers mental et affectif des fans d’Hallyday. Bertrand Dicale
Loïc Lantoine Au Lavoir moderne parisien, 35, rue Léon, Paris XVIIIe. Tél. : 01 42 52 09 14. Jusqu'au 11 décembre. CD : «Badaboum», Mon Slip.
Loïc Lantoine séjourne trois semaines au Lavoir moderne parisien, petite salle au charme rustique située en plein coeur de la Goutte-d'Or. Jusque-là , on avait pu l'entendre à l'Européen et en première partie de Bénabar, Jeanne Cherhal ou Têtes Raides. C'est de la «chanson pas chantée» aux contours rugueux, tonalité primaire, sans ronds de jambe.
«Ses plaies sont nos oreilles», dit un confrère chanteur en sortant du spectacle. Fils ch'timi d'un père ouvrier et d'une mère postière, ayant grandi dans le quartier populaire de Wazemmes, à Lille, Loïc Lantoine ne prétend pourtant pas offrir autre chose que du divertissement. Disant cela, il se laisse la liberté de prendre l'assistance à rebrousse-poil, peut-être aussi parce qu'il se contrefiche de ce que recouvre la notion d'artiste. «Les salles de spectacle m'ont longtemps terrorisé, dit-il. Rien que l'ouvreuse, c'était déjà pour moi une star du rock'n roll.»
Il y a dix ans, Loïc Lantoine croise, à un festival dans l'Ariège, le contrebassiste François Pierron, fils du marin-chanteur Gérard Pierron. Cela fera bientôt cinq ans qu'ils font «la cascade ensemble». Rodé au dialogue avec l'instrument frappé (percussions) ou caressé (harmonies), le diseur s'est plongé dans l'oeuvre de Gaston Couté qu'il mêle, puissante voix de vin et de tabac, à ses propres textes. Le chanteur Allain Leprest l'y encouragea aux ateliers d'Ivry.
Réalisme égrené façon lettriste, écriture aux mains calleuses, ce lecteur de Supervielle, Norge et Michaux, sert sa poésie ouvrière avec une hargne punk. Soufflant «le chaud et le froid», le garçon passe au tamis ses rêves à boire, le destin d'un Majid qu'on veut «charteriser» («J'peux enfin m'prendre du repos, j'ai dégotté le soleil/S'i's'couche sur une bière, c'est la mer»), des histoires de retour sur la honte, la colère, les peurs, la fierté et les espoirs de ceux qui «n'ont pas le même accent qu'à la télé».
«C'est en arrivant à Paris que je me suis rendu compte que je faisais partie des imbéciles heureux qui sont nés quelque part», avoue-t-il. Sur scène, pieds rentrés, il en joue avec malice et effronterie, rappelant Brel dans les Bonbons. Il fait le timide, le maladroit, l'idiot du village. Arrachant d'un coup sa chemise, il découvre un T-shirt à l'effigie de Johnny Hallyday. Il campe alors un fan houspillé. Enervée, sa voix se chauffe comme un moteur de Harley. C'est le clou du spectacle :«Oooooohhhh. Faut pas dire du mal de Johnny ni... de Johnny.»
Sur le côté de la scène, Jean Corti se régale. L'ancien accordéoniste de Brel fut en effet l'un des premiers à découvrir ce garçon de 31 ans, dans les bistrots où il a longtemps passé la casquette. C'est également lui qui a établi le contact avec Têtes Raides. Le groupe néoréaliste en a fait une signature de son label, Mon Slip. Trois semaines d'enregistrement mixées par Jean Lamoot (Bashung, Juliette Gréco, Dominique A) ont donné naissance à l'album Badaboum. Les chansons s'y fixent après s'être essayées à toutes les improvisations. C'est par le dernier titre de l'album que Loïc Lantoine commence et finit son spectacle : «Les mêmes rues/A réapprendre/ Celles disparues/Qu'il faudra rendre/Un demi-tour en ligne droite/Quand le coeur lourd/ Cherche la date/ Qu'est-ce que le temps/Peut-être rien/On lève le camp/On se souvient/Je reviens.» D'accord.
"Ben si, c'est d'la chanson pas chantée, t'es con ou quoi?"
L'introduction de Badaboum commence comme un clin d'œil à cette spécialité française de placer les choses dans une case. Loïc Lantoine et le contrebassiste François Pierron n'échappent pas à la règle mais ne se posent plus la question. Badaboum est bel et bien un album de chansons. Des chansons singulières, il est vrai. Les deux compères ont leur univers poétique et musical et nous trimballent au gré des mots réalistes de Loïc et de la contrebasse fracassante de François.
Pour Loïc Lantoine, l'histoire musicale commence en 1999, un peu par hasard. Une collaboration avec Alain Leprest pour un album de Jehan - Les ailes de Jehan - lui permet de faire "ses premiers pas dans le boulot", comme il dit. Viennent ensuite la rencontre avec François et ce premier concert qui en appelle déjà beaucoup d'autres…. Depuis, les deux lascars ne se quittent plus, écrémant les bistrots parisiens et de province, les salles plus grandes et les festivals.
Puis vient la rencontre avec les Têtes Raides qui débouchera non seulement sur une belle amitié mais également sur Badaboum, album rare et précieux produit par Mon Slip, label du groupe parisien. Loin de la simple retranscription de leurs prestations scéniques, les chansons prennent le large au contact des copains de passage, les Têtes Raides bien sûr mais aussi Jean Corti, accordéoniste de Brel et compositeur de l'emballant Manneken Pis. Les membres de la Rue Ketanou, collègues de la première heure, participent également à ce "grand bazar".
Tout au long des 14 titres de l'album, la voix de Loïc et la contrebasse de François nous livrent des histoires, celle du "Mauvais ouvrier", de "Majid", du "Capitaine de Marie-Salope" et exhortent le côté punk qui sommeille en chacun de nous. Les chansons défilent et, peu à peu, on se laisse embarquer pour un voyage dont on ne reviendra pas indemne. La richesse des sonorités et du rythme nous enivre et fait "Badaboum" dans nos têtes. Inutile ici de chercher une comparaison fumeuse avec tel ou tel artiste, il n'y en a pas. Ils sont singuliers sans être élitistes, poètes sans être chiants, électriques en restant acoustiques et portent le verbe haut sans être prétentieux. Des artistes attachants et généreux comme on en voit peu.
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
« Mais alors vous faites quoi ? » « De la chanson pas chantée » « Ben, vous chantez pas alors ? » « Non » « Ben donc c’est pas d’la chanson ?» « Ben si, c’est d’la chanson pas chantée, t’es con ou quoi ?»
On a duuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ..... ..... brouillard dans l’ cigare Mais on refuse d’être dans l’ cirage Quand dans le bordel on s’égare C’est pas qu’on n’essaye pas d’êtr’ sage On en trouve encore à nous dire Qu’on n’a rien compris à la vie Arrête un peu ou on va rire Ou explique nous si t’as envie C’est vach’ment compliqué d’êtr’ né Mais c’est marrant d’être vivant On est tout le temps étonné Et puis on s’ra pas mort avant
Alors .... c’est quoi, c’est ça la vie ? .. Ben ça résonne Boum boum Badaboum Un coup par terre Un coup de boum boum Badaboum Un coup t’es bien l’autr’ t’es à Boum boum Badaboum Tu pioches dans l’or ou dans la Boum boum Badaboum Ta tête c’est calme ou bien elle Boum boum Badaboum
Si on sait pas tout l’ temps bien faire C’est qu’on comprend rien au bazar D’un bon Dieu ou d’un Lucifer C’est quand qu’ c’est bien C’est quand qu’ c’est marre Alors ben on devine, on devine Y a même des fois où on s’en doute On danse dans un champ de mines Puisqu’il y a trois milliards de routes Une tête un corps palpitant Et démerdez-vous mes chéris On n’est pas armé pour longtemps J’ai un pote il dit qu’ ça suffit
Alors c’est quoi, c’est ça la vie ? Ban ça résonne Boum boum Badaboum Un coup par terre Un coup de boum boum Badaboum Un coup t’es bien l’autr’ t’es à Boum boumBadaboum Tu pioche dans l’or ou dans la Boum boum Badaboum Ta tête c’est calme ou bien elle Boum boum Badaboum
Ça empêche pas de dire bonjour Ça empêche pas les éclats d’ rire J’ te parle pas des histoires d’amour Ou du poulet qu’on a fait cuire On comprend rien mais on y va Et c’est là que ça devient beau C’est parce qu’on est tous dans l’ même cas Qu’ faut avouer qu’ c’est rigolo Alors tu parles je me tais Et puis si tu ris ben je pleure Faut qu’on soit tous à s’aimer A part machin là et sa sœur
Alors c’est quoi, c’est ça la vie ? Ben a résonne Boum boum Badaboum Un coup par terre Un coup de boum boum Badaboum Un coup t’es bien l’autr’ t’es à Boum boum Badaboum Tu pioche dans l’or ou dans la Boum boum Badaboum Ta tête c’est calme ou bien elle Boum boum Badaboum C’est grave
« Mais alors, vous faites quoi ?» « De la chanson pas chantée » « Mais alors, vous chantez pas alors ? » « Mais si ! » « Mais non ! » « Mais non, j’suis con ou quoi ! »
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Je cours
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
Une des première version en live à l'Ailleurs, de la presque vraie chanson pas chantée
Les cheveux de ma sœur, capturés par ma main Fallait pô qu'elle m'embête Là faut qu'on se console, Son sourire sous ses larmes J'lui dirai qu'j'l'aime demain .. En attendant, Frangine, Nos joies creusent des rigoles Les dix balles à bonbons piquées à ma maman A la bourse de l'amour font une fortune d'un rien Son cahier à chansons chanté de temps en temps Quand je m'en foutais bien J'avais tout .. Les miens .. Les soirs de réveillons, on osait s'embrasser M'en fous du .. comment ? .. Père noël Faut voir c'qu'on était beau Et les dimanches d'ennui où mon père me f'sait des jouets, Ouais ! Comment on dit par chez nous Ch'est du sang, ch'est nin d'l'eau C'est du sang, c'est pas d'l'eau
Je cours Dans l'autre sens de la terre Je cours et me fatigue Je ne rattrape rien Et le temps ne me laisse Que souvenirs et regrets Et je cours ..
Plus tard des amitiés qui s'oublient doucement M'ont bousculé la tête On s'est tant canaillé, on fumait en cachette T'as vu l'voyou .. Le grand ! On trichait à l'école, même pendant les dictées On a dragué les filles .. On en a eu quelques-unes qui m'ont appris des trucs .. J'aurai jamais cru ça ! J'ai su qu'un p'tit derrière, ça pouvait être une dune Qu'si tu mélanges des lèvres.. Bah t'as le cœur qui bat ! On s'est construit le monde, avec nos regards neufs Le lendemain un autre venait le remplacer On avait tout compris .. De la poule ou de l'œuf Mes frères de petit grand Vous m'avez dessiné
Et je cours Dans l'autre sens de la terre Je cours et me fatigue Je ne rattrape rien Et le temps ne me laisse Que souvenirs et regrets Et je cours ..
Et quelques pas plus tard, je suis tombé d'amour ! Pour une pas pareille qu’a su me faire pousser Rien que d'y re..rêvé, je crois qu'la vie .. J'suis pour ! Nos rires sont ma fierté, on a tout inventé On a appris nos corps, on a mêlé nos têtes Et on s'est ressemblé, des jumeaux amoureux De la peur de grandir, on a fait une fête ! Y'en avait plein pour nous Et un peu moins pour eux. Si les ans … Bah voyons ! Nous on r'fait étrangers Je recompte en moi nos dizaines de milliers d'heures, alors Alors c'est pas toi qui m'apprendras à langer… Porte toi bien p'tite Madame ! Je vous rends au bonheur
Je cours Dans l'autre sens de la terre Je cours et me fatigue Je ne rattrape rien Et le temps ne me laisse Que souvenirs et regrets Mais je cours.. Et vivement demain !
Toi mon p’tit bonhomme, lui disait sa mère Si tu continues, à courir dehors Tout nu comme un ver, ton zozio à l’air Il t’arriv’ra que tu chop’ras la mort
Maman tu m’embêtes qu’il lui répondait Je fais qu’est-ce que j’veux, J’ai bientôt 6 ans, Ça m’fais rigoler. Les habits c’est laid, j’fais pipi en l’air, j’embête les grands.
Le temps passe et le Manneken Piss
Et le p’tit voyou aux petites fesses rondes Buvait la fontaine pour faire munition Rire, c’est si marrant C’est la plus belle fronde Il mouillait la ville, il f’sait grimper les troncs
Ce jour-là, pourtant, il gèle sur Bruxelles, Et le garnement, excusez la peine A pas senti l’froid, il riait d’plus belle, Il s’est statufié près de la fontaine
Le temps passe et le Manneken Piss
Le temps Pisse et le Manneken passe
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Mauvais ouvrier
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
Une des première version en live à l'Ailleurs, de la presque vraie chanson pas chantée
Mauvais ouvrier, mauvais compagnon J’ m’ai cassé la gueule dans mon tour de France Mon chef-d’œuvre était de la mettre en transe Quand l’œuvre est immense c’est perdu d’avance Mauvais ouvrier, mauvais compagnon On compte plus les failles dans ma cathédrale Les carillons d’or font des bruits de mort Les vitraux cassés m’ont tranché le corps On compte plus les failles dans ma cathédrale Ah, merde j’ai l’amour ah merde J’ai l’amour ah merde J’ai l’amour amer Le chœur en chaos Y a ma tête à terre J’ai le béguin bègue J’ peux plus travailler
En femme de ménage je n’étais pas bonne Mon p’tit lit d’amour a les draps trop sales Ça sent l’ renfermé ma cliente elle râle J’ crois bien qu’ le pourboire ce sera peau d’ balle En femme de ménage je n’étais pas bonne Le garçon d’ café s’est vite fait virer Quand on pleure tout l’ temps les piliers se barrent Sur les genoux d’ la fille j’ai vomi le bar Dans le fond des verres l’amour se fait rare Le garçon d’ café s’est vite fait virer Ah, merde j’ai l’amour ah merde J’ai l’amour ah merde J’ai l’amour amer Le chœur en chaos Y a ma tête à terre J’ai le béguin bègue J’ peux plus travailler
J'prends l'équipe de nuit, faut gagner sa mie Il faut qu'je l'usine pour qu'elle prenne du lustre L'ennui à la chaîne, voilà qu'elle se frustre, Qu'elle préfère les mains calleuses d'un rustre J'prends l'équipe de nuit faut gagner sa mie Ouh dans ma salle de classe mon élève se lasse J't'explique pas les vers, l'amour ça se vit, L'orthographe du cœur ça s'fait à l'envie Fallait rien dicter là, elle est partie, Dans ma salle de classe mon élève se lasse Ah, merde j’ai l’amour ah merde J’ai l’amour ah merde J’ai l’amour amer Le chœur en chaos Y a ma tête à terre J’ai le béguin bègue J’ peux plus travailler
C'est partie remise boit ton RMI Prend la longue file des cœurs au chômage Fais les p'tites annonces sans perdre courage Pour trouver l'embauche des yeux sans orage C'est partie remise, bois ton RMI Ah, merde j’ai l’amour ah merde J’ai l’amour ah merde J’ai l’amour amer Le chœur en chaos Y a ma tête à terre J’ai le béguin bègue J’ peux plus travailler
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L'averse
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
Je nous perdais… C'était exprès. Quand ma main espérait la tienne. Tu souriais, je me taisais, Attendant que mes forces viennent… Pour un rien, un semblant de caresse. Tu savais qu’on n’allait nulle part. Je séchais mes doigts en cachette Tout en engueulant mon espoir Qui voulait pas payer sa dette : Mon nom sur ton carnet d’adresse. Qu’est-ce que j’aurais bien pu te dire ? Je voulais être une évidence. J’ai bien essayé de te faire rire En hésitant des pas de danse, Comme fidèle à ma jeunesse. J’osais penser à une maison qui serait à toi et à moi. Puis je voulais demander pardon. Qui je suis puisque on se connaît pas.. C’était pt’être qu’un chemin d’ivresse. On se raccompagnait en trottoirs. Mon bonheur cherchait ses tréteaux. Tu étais compagne de mes trop tard. Surement qu’on s’arrivait trop tôt … Parfois les calendriers blessent. Et quand ta paume s’est retournée… C’était juste pour goûter la pluie. Et puis ton sourire s’est éloigné. Tu n’as pas vu de ton abri… Mes larmes cachées par l’averse
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Intermède de qualité
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
Pille pouille Bille bouille Fille fouille Nie nouille Douille dille Mouille mille Trouille trille Couille quille Oh ! Pour te faire marier, j’ te d’mande en divorce
L'intermède de qualité en live au lavoir moderne parisien à 4'14
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron et La Rue Kétanou
Une des première version en live à l'Ailleurs, de la presque vraie chanson pas chantée
J'arrive le matin au bistrot du coin Je m'installe sagement, l'âme sans tourment J'ai plein de trucs à faire qui pourraient me rendre fier J'commande un café pour me réveiller J'brûle une cigarette mais bientôt j'arrête Je me frotte les mains c'est maintenant demain J'vais pouvoir me construire un bel avenir ! Mais là j'sais pas ce qui se passe J'commande un verre et son p'tit frère Un pour la route, un pour l'retour J'm'accroche au bar c'est là qu'on s'marre Je parle d'amour à des gens sourds Arrive le soir je peux plus boire J'me suis vautré...zut, encore raté
J'y peux rien, c'est mon côté punk C'est le vieux démon qui démonte mon monde J'y peux rien, c'est mon côté punk J'ai la vie en vice qui s'fout d'mon avis
Beau temps dans mon ventre, aujourd'hui j'rencontre J'ai la tête en fleur, elles me voient, elles meurent D'amour va sans le dire pour elle j'peux mourir On s'accroche les yeux et on fait des vœux Nous deux ça sera grand, moi jamais je mens Confonds-toi en moi je suis fendu de toi Mon p'tit canari j't'emmène... à Paris ! Mais là j'sais pas ce qui se passe car sur la route v'là qu'je banqueroute Pourquoi qu'elle m'aime, j'vaux pas la peine Elle est trop bonne, elle doit être conne J'ouvre la portière, pied au derrière Ma p'tite amie est en bouillie Qu'est-ce que j'ai fait ? J'crois qu'je l'aimais !
J'y peux rien, c'est mon côté punk C'est le vieux démon qui démonte mon monde J'y peux rien, c'est mon côté punk J'ai la vie en vice qui s'fout d'mon avis
J'suis toujours à faire d'une chose le contraire Je sais pas c'qui s'passe, j'dois être à la masse Mon vouloir se meurt, monsieur le docteur Vous allez m'aider, je saurai vous payer Je ne veux qu'une seule chose c'est que ma tête se repose J'suis plutôt dans l'fond un gentil garçon J'veux y parvenir, à mon bel avenir... Mais là j'sais pas c'qui s'passe Ça sert à rien dit le médecin Séchez vos larmes, rangez cette arme Quand il y a des balles, ça peut faire mal Là je prends sa tête, y'en fait une tête J'la mets à terre, sa gueule à terre L'est mal barré, je vais tirer
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
J'ai chanté aux étoiles mon amour pour toi Et j'ai fait le calcul Ma voix leur parviendra dans 3 milliards d'années Surement elles vont s'éteindre De n'avoir pu t'aimer car moi seul peut t'étreindre A ton seul souvenir mon bonheur perle en larmes Et s'en va, dévaler en cascades et vacarmes Si la ville panique Ça n'est que d'ignorer que mille torrents d'amour s’en viennent l'abreuver
Qu'on me redise un jour que l'amour n'a qu'un temps Tant que courra l'amour, je t'aimerai autant T'en fais pas mon amour Laissons le défiler Il est temps de s'étendre pour mieux le défier
J'ai voulu voir du beau ailleurs que sur ton corps Mais mes yeux sans repos doivent fouiller encore Je n'ai d'autre sommeil que dormir sur ton ventre Je n'ai d'autres folies que rentrer dans ton antre J'ai le cœur qui pense et la tête qui pompe Bonheur d'être à l'envers là, raison qui s'estompe Quand de tes doigts glacés tu me brûles la peau Quand dans tes petits bras je couche en un château
Et qu'on me redise un jour que l'amour n'a qu'un temps, nan, Tant que courra le temps je t'aimerai autant T'en fais pas mon amour Laissons le défiler il est temps de s'étendre Pour mieux le défier
S'agit pas d's'en aller sinon qui va m'aider ? Me dire qu'il faut manger puis aussi respirer Je ne sais plus rien faire que de penser à toi Nan c'est vrai, j'exagère, je veux parler de toi Tu t'es offerte à moi et j'ai gagné ma mort Ma même, ma pareil Me voilà couvert d'or pour te dire que je t'aime J'ai dû en faire des couches A ton prochain sourire j'en rajouterai trois louches
Et qu'on me redise un jour l'amour n'a qu'un temps Nan, tant que courra le temps je t'aimerai autant T'en fais pas mon amour Laissons le défiler il est temps de s'étendre Pour mieux le défier
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Deux mains
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron et Nicole Guinamard
Une des première version en live à l'Ailleurs, de la presque vraie chanson pas chantée
Deux mains se mélangent, c'est la première fois Deux peaux étrangères s'arriment aux pores Mouillés de sueur, nouveaux ébats Vingt doigts sont paumés Images des corps enlacés, Lascifs, et commencent une danse Les ongles en griffes cherchent à rentrer Mais une paume douce calme leur démence Les doigts s'endorment, la chair apaisée
Deux mains se séparent, la peau se fait sèche Les doigts se retirent, se roulent en poings L'annulaire à l'air d'être mis à l'index Les bras les balancent, menaçant de loin Deux mains de maîtresse trahison sans gants Et y tourne les pouces et poussent le trouble Les ongles aiguisent un retour sanglant Mais l'autre poignet réclame son double
Deux mains se retrouvent, s'accrochent à nouveau C'est la marée lente des cœurs des amants Qui gonflent les veines des mains sous la peau Et qui chassent le sang quand l'amour fout le camp Deux doigts qui se frôlent reprennent espoir Touchent deux mains, caressent la foi Des couples heureux qui d'amour en gloire, d'amour S'apprennent par cœur sur le bout des doigts
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Capitaine de Marie-Salope
Paroles : Loïc Lantoine sur une idée de Frédérique Freame
Une des première version en live à l'Ailleurs, de la presque vraie chanson pas chantée
Capitaine de Marie-Salope, D'un navire qu'est pas un navire, C't'un coup à voir les flots en flop Capitaine voudrait dire "partir". Oui mais la poubelle reste à l'estuaire, Et le marin rêve de braver le large, Pourtant "hisse et ho!" il sait, Rien à faire. Qui restera au port A devenir barge.
Qu'est ce tu veux en faire d'un pareil navire? Pas de bois, d'épices, Mais d'la vase, des feuilles, C'est tout ce qu'on débarque, Cargaison de pire il partira pas De ce triste écueil. Où s'en va sa tête Marin dérisoire qui veut plus personne? Tout seul et amer, et quand à l'amour, Le plus dur reste à boire, C'est sa seule idée du néant d'la mer.
Capitaine de Marie-Salope, En draguant les fonds, Touchant le fond voit Marie. Aux nuits interlopes Emerger de dans ses fanons La pauvre Marie sûr qu'il la connaît, C'tait pas un exploit de s'enticher d'elle. Elle avait choisi c'ui qui promettait, Un gars au long court qui la trouvait belle. Son marin Marie, elle l'avait dans la peau, Fallait la voir fière éclairer la ville! Mais il s'est barré, barré son bateau, Tâter de la fille dans quelques Antilles. Depuis lors la douce était fille de port. Dans la rue qui glisse au pied du grand large, En vendant ses nuits, regardant la mort, Qu'elle a rencontré cette nuit d'orage.
Capitaine de Marie-Salope, Voit l'amour dans ce corps sans vie. Un miracle pour ce misanthrope, La plus belle est venue jusqu'à lui. Sa tête embrumée aux embruns de Rhum, Fait des vagues de larmes qu'on croirait de joie. Ondine endormie, Je serai ton homme, Je te garderai tout auprès de moi. Sous le vent marie, sous le vent du nord, La prend dans ses bras et descend dans la cale D'la Marie-Salope Son amour, dort, et le tonneau de taf D'une lointaine escale sera son repos. Il la plonge, l'enlace, et puis s'émerveille, Ses cheveux s'envolent, flottants, Algues vertes, prairie des sargasses, Voilà sa revanche! Une passion folle. Capitaine de Marie-Salope, Et sa belle morte à peau d'ivoire Se retrouvent quand le Rhum s'écope, Tous les soirs il s'en vient la boire. Et là de longues heures parle à son amour, De ce que toujours il l'avait voulue, De son triste sort, marin au p'tit court, De la seule mort, celle quand on s'aime plus. Pourtant, que peut faire la plus belle des mortes Pour changer la vie sans vie du marin? Lui s'en doutait bien, et des lices fortes Seul le réconfortent le tafia et...rien. Il vide le tonneau, Marie, déconfite S'en va pour de bon et le capitaine Fracassé délire, l'amour prend la fuite Et sa tête aussi en buvant sa peine, Capitaine de Marie-Salope Voit partir celle qu'il aima fort. Son navire quitte le bord et hop! Il s'éloigne, loin du Sémaphore.
NB : Définition de la marie-salope Bateau de type chalan, barge utilisée pour recevoir les produits de dragage d'un port ou d'un chenal et les transporter jusqu'en mer (y compris via le réseau fluvial) où elle les rejette. Elle possède le plus souvent un fond qui peut s'ouvrir pour opérer ce rejet qu'on nomme clapage.
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
Ce sont les flammes d'une colère Qui viennent embraser le regard De l'éparpillement de mes frères Mes copains du c'est pas trop tard C'est une joie démesurée De faire les grandes découvertes De nos histoires sans passé De nos conneries recouvertes Notre fierté d'être sans haine Et de retourner au charbon En gueulant les gars faut qu'on s'aime Et le chemin sera moins long Et c'est pas fini et ça continue Vas-y patron sers moi un rêve Je te le paierai en fou rire Il est pas l'heure de la trêve On laissera pas nos poings mourir
Si on fait la collec' des rires C'est pour préparer nos combats C'est parce qu'on sait pas trop quoi dire À part regardez plus en bas Et si on mélange nos pleurs Dans une mer d'amitié C'est qu'il nous reste un peu de peur Et qu'on a su la partager Quand de sublimes engueulades Viennent allumer le petit jour C'est la honte d'un malade Et c'est pour ça qu'encore on court Et c'est pas fini et ça continue Vas y patron sers moi un rêve Je te le paierai en fou rire Il est pas l'heure de la trêve On laissera pas nos poings mourir
Et vos têtes en timidité Tellement vous aimez les autres Pas besoin de vous imiter Parce que j'vous aime c'est vous mes autres Quand la folie dévaste tout On voyage par petits bouts d'phrase Un tour de terre en rien du tout C'est notre cafard qu'on écrase Quand on reprend le temps de s'asseoir Au comptoir des quand même content On s'dit que ça s'appelle l'espoir On s'dit qu'on a encore du temps Et qu'c'est pas fini et qu'ça continue Vas y patron sers moi un rêve Je te le paierai en fou rire Il est pas l'heure de la trêve On laissera pas nos poings mourir À l'attaque, à l'attaque, à l'attaque, à l'attaque À l'attaque
Version plus acoustique que sur l'album, en live à Méricourt, avec Karim Arab :
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
J'peux enfin m'prendre du repos j'ai dégoté l'soleil S'i's'couche sur une bière, c'est la mer S'il est pas fou c'est une merveille Qui met l'cafard en état de guerre Sûr c'est pas du Pôle nord son sourire brûlant Son voyage n'est que d'ici On le croit d'ailleurs c'est marrant Lui qui pensait n'avoir qu'une vie Imagine Si Magid s'en va Et nos rêves Qui donc les boira
On a tout regardé mon grand frère sans papier On a rêvé tous les mélanges Je n'aurais jamais parié Qu'un jour on t'dirait qu'tu déranges Voici l'heure ma grande gueule De faire taire ton honneur Toi qui portait la tête haute T'apprendras tes chaussures par cœur Les flics du métro savent ta faute Imagine Si Majid s'en va Et nos rêves Qui donc les boira Imagine
Paraît qu'y en a qui veulent charteriser Kaddour Qu'on veut virer notre prince arabe Qu'on orphelinise donc sa cour Qu'on le perde dans un panier d'crabes Et nos larmes amères couleront le pays On n'a pas le cœur en mappemonde Qui peut prétendre trier nos vies Affûte les armes de la fronde Imagine Si Magid s'en va Et nos rêves Qui donc les boira
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A travers temps
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
Elle a quinze ans, voyez-vous ça Et s'apprête à devenir femme Sa beauté cache, croyez-vous ça L'enfant qui prend des airs de dame Elle a quinze ans, voyez-vous ça Et plante ses yeux dedans les miens Et fièrement, croyez-vous ça Elle rit et propose sa main
Et mon regard trahit sa flamme Je veux que vous soyez ma femme Revenez-moi ma toute belle Quand les ans vous auront grandie Dans cinq ans mon cœur vous le dit Que le vôtre me soit fidèle
Elle a vingt ans, voyez-vous ça Belle à parler avec les anges Cette pureté, croyez-vous ça Me brûle l'âme et me mange Elle a vingt ans, voyez-vous ça Il n'est d'homme qui ne la prétende Je n'ose pas, croyez-vous ça Regarder ses mains qui se tendent
Mais mon regard trahit sa flamme Je veux que vous soyez ma femme Revenez-moi ma bien trop belle Quand les ans vous auront mûrie Dans vingt ans mon cœur vous le dit Que le vôtre me soit fidèle.
A quarante ans, voyez-vous ça Chacun de ses mots est d'or pur Si c'est un livre, croyez-vous ça Sa beauté a fait la reliure A quarante ans, voyez-vous ça Tous cherchent ses paroles douces Je n'entends pas, croyez-vous ça Sa bouche réclamer ma couche
Mais mon regard trahit sa flamme Je veux que vous soyez ma femme Revenez-moi Douce prêcheuse Quand les ans vous auront ternie Dans quarante ans Mon cœur vous le dit Et je vous ferai femme heureuse
Quatre-vingt ans, voyez-vous ça Et ses yeux transpirent le monde Sa perfection, croyez-vous ça Fait qu'avec tout elle se confond Quatre-vingt ans, voyez-vous ça Sa main fraîche presse la mienne Elle est venue, croyez-vous ça Commencer une histoire ancienne
Mais mon regard éteint sa flamme Pardonnez-moi ma bonne femme De n'avoir gardé qu'un instant Ma compagne, ma sœur, mon envie J'ai vécu pour vous cette vie Et je vous aime à travers temps.
Paroles : Loïc Lantoine et JeHan ; et Musique : François Pierron
Les mêmes rues A réapprendre Celles disparues Qu’il faudra rendre Un demi-tour En ligne droite Quand le cœur lourd Cherche la date Qu’est-ce que le temps Peut-être rien On lève le camp On se souvient Je reviens
Et ces vieux airs Dans mes poumons Ou que sifflèrent Mes compagnons Le sang revient Cogner mes tempes On se sent bien Dans nos vieux temples Et mon sourire M’avait suivi Y a plus de pire Je suis ravi Je revis
Nouvelle adresse Un autre amour Avec l'ivresse Des nouveaux jours Mêler l’espoir Et l’aventure Aux vieilles histoires Qu’ont la peau dure Mon cœur qui bat Sous une enseigne Je regarde là Plus rien ne saigne Je re-aime
Y a plus d’avant Je sors de l’œuf C’est quand maintenant ? Je suis tout neuf Je ne sais rien Tout me rétonne Je me sens bien A qui j’en donne ? C’est rendez-vous Là où j’étais Si c’est chez nous Je vous r’connais Je renais