Loïc Lantoine sera sur la scène de la Dynamo de Toulouse ce mardi. Rencontre avec cet OVNI de la chanson française avant sa date toulousaine.
Loïc Lantoine est un ovni dans le paysage de la chanson française qui proclame à qui veut l’entendre qu’il fait de la chanson pas chantée. Alors, si l'on veut le classer, posons le diseur, ou plutôt slameur, lui qui est accompagné sur scène de François Pierron, compositeur et contrebassiste, arc-bouté sur des textes faits de sombres pensées et de tendre humanité. Rencontre avec Loïc Lantoine avant son passage toulousain.
Tu es actuellement en pleine tournée avec un bel enchainement de dates. Comment se passe cette série de concerts ? Je m’amuse bien en live ! Je suis aussi assez fier et content d’arriver à Toulouse ce mardi. C’est une date que j’attends avec impatience.
D’ailleurs, qu’évoque Toulouse pour Toi ? C’est une ville que je connais bien. J’y ai pas mal de copains dont certains sont là depuis le début de ma carrière. Et, même, qui ont été à la base de ça ! Je pense notamment à Eric Lareine avec qui j’aime travailler.
A entendre ton discours, j’ai l’impression que la scène rythme ta vie ? Bien sûr ! C’est mon boulot. C’est là où j’aime être. Après ça reste évidemment un travail à part, mais où j’ai l’occasion de faire n’importe quoi. C’est assez flatteur de voir des gens venir écouter ce que tu peux leur raconter. Cela peut paraitre même absurde d’écouter les délires d’un mec comme moi sur scène. Mais des deux côtés, on aime ça je crois.
Pour ceux qui ne te connaissent pas encore : Comment est venue l’envie d’écrire ? Je crois que l’envie d’écrire, tout le monde s’est déjà posé cette question. Pour ma part, c’est Allain Leprest qui m’a dit un jour, « toi, tu peux et devrais écrire ». Je me suis mis à écrire tout le temps même si ça ne le fait pas toujours. Après, j’avais une grande crainte de partager mes textes et mes émotions devant le public, mais il y a aussi une belle excitation. Je l’ai donc fait naturellement. Il faut avouer aussi, que quand je me suis mis à les interpréter, je n’étais pas musicien – je ne le suis toujours pas d’ailleurs-. C’est la rencontre avec François Pierron à la contrebasse qui a été le déclencheur.
Sur ce nouvel album, les mélodies sont plus présentes. Le fait notamment d’un entourage de musiciens. D’où est venue l’envie de s’entourer de musiciens ? C’est un chemin naturel. Après deux albums, dont une tournée qui a suivi le deuxième avec quatre musiciens interchangeables, j'y ai vu un potentiel d’évolution de ma musique. Et surtout une nouvelle perspective à mes textes. Ce n’était pas réfléchi, c’était quelque chose qui venait du plus profond. Pour les musiciens qui m’entourent, et c’est tout le temps la même chose, c’est un choix humain. On n’a pas fait de casting ( rires) ! On travaille avec des gens qui nous plaisent humainement et qui ont du talent. Et surtout capables de créer.
Comment s’est passé le processus créatif à plusieurs ? On s’est retrouvé en résidence à droite à gauche, chacun bossait de son côté, proposait des choses. Une fois qu’ils avaient développé une idée, je partais m’isoler pour trouver la meilleure alchimie. Parfois je trouvais quelque chose de définitif, parfois c’était l’inverse. Avec François déjà, on procédait comme ça. Les textes préexistent avant la musique. Je cherche de nouveaux horizons mais toujours dans la logique de mon travail.
Je ne pouvais pas éviter une question : Ton album se nomme « J’ai changé », mais en quoi as-tu changé ? (Rire) C’est une question qui revient souvent. Je crois que j’ai du inconsciemment faire exprès de prendre ce titre. En tout cas, c’est le titre d’une chanson de l’album. On en a discuté tous ensemble et elle paraissait être la bonne chanson pour un titre d’album. Je ne vais pas chercher trop loin mes titres. Après, j’écris de manière discontinue. Des jours, j’écris des vers d’une chanson, d’autres jours d’autres chansons. Donc entre le début et la fin de l’album, j’ai changé. Je m’épuise, je vieillis, je ne suis plus le même bonhomme qu’au début. C’est une évolution. Une envie de casser le moule, se mettre en danger. Comme l’est l’album : une mise en danger musicale et artistique.
Pour cet opus, vous avez tourné avec le groupe avant d’enregistrer l’album en studio. Pourquoi ce choix ? Tout simplement, ce n’était pas un sondage auprès du public, mais plus le fait de savoir si tel ou tel morceau devait se faire en douceur ou être plus bastonné. C’est une réflexion que j’ai eu avec Jean Corti, un musicien de Jacques Brel. Il m’a dit, « vous les jeunes, vous faites tout à l’envers. Avant on tournait partout avec nos nouveaux morceaux avant d’entrer en studio pour trois jours. Et là, on envoyait sévère ». C’est plus logique comme point de vue. Actuellement, on est obligé de sortir un CD pour pouvoir booker des tournées et des dates. L’industrie du disque nous a fait évoluer dans cette optique là. J’ai voulu rompre avec ça aussi en quelque sorte !
Dans "J'ai Changé", tu chantes pour la première fois. Comment est née cette envie là ? C’est venu tout doucement. Sur un projet avec Eric Lareine, j’ai chanté du Brassens. Avant ça, je n’avais pas eu envie, je n’avais pas confiance en ma voix, voire peur ! Sur du parlé-chanté, on peut naviguer dans la musique. Improviser. Chose impossible quand on chante.
Là tu es en tournée, la suite s'inscrire aussi dans un l'écriture d'un nouvel opus ? On continue de tourner pendant un bon petit bout de temps. Et puis je vais me reposer tranquillement en me baladant, et mettre en place des résidences. Pour l’écriture, c’est une affaire d’émotion. Pour cela, je dois perdre mes repères. Je vais découvrir des villes où personne ne va ! Je vais prendre la température, naviguer un peu. « Voyager , c’est s’appauvrir » dans des moments pas flamboyants. Et j’en reviens plus fort !