Je cache l'aventure à l'intérieur de moi J'ai fait trois fois le tour de la rue des Abbesses A l'heure du whisky, à l'heure de la messe On peut toujours trouver beaucoup plus grand que soi L'aventure, la voilà... à portée de la main Garde ton coeur à gauche et tes deux pieds sur terre Là, tu verras d'un coup s'effacer les frontières L'aventure est chez toi mais tu n'en savais rien
Il suffit de partir sur des souliers trop grands De marcher sur les eaux, des ailes autour des tempes De boire des images et de mordre les vents De chercher dans le noir des gueules de sa trempe Il suffit d'être seul et de tenir debout Au milieu de tous ceux qui gueulent et qui vacillent Va ton chemin tout droit, l'aventure est au bout Et tu verras que l'or n'est jamais ce qui brille
"L'aventure la voilà" en live avec Mon Côté Punk dont Loïc Lantoine faisait encore partie
Fais le tour de la Terre avec dix francs sur toi Va-t'en planter des choux au coeur de la savane Fabrique des légendes avec tes gueules de bois Va-t'en faire un tabac un soir à La Havane Et puis reviens chez toi avec des rides en plus La gueule boucanée comme sur les images Jette ton sac à dos et viens poser ton cul On se partagera le rouge et le fromage
Il m'arrive parfois, rien qu'à te regarder, De franchir d'un seul coup la muraille de Chine Sauter trois océans sans quitter mon quartier Ce que je ne vois pas d'ailleurs, je le devine L'aventure se réveille à l'odeur de ta peau Au milieu de ton lit, je trouve des navires Le vent dans tes cheveux fait claquer les drapeaux Et quand l'amour fleurit... je n'ai plus rien à dire
Voir courir devant soi les bisons de Lascaux Sur un papier de riz, écrire la carmagnole Boire de la mirabelle dans les bars de Frisco Le soir à Varsovie, danser la farandole Voir enfin de ses yeux ce qu'on n'a jamais vu A trois heures du matin, voir des anges à Pigalle Mon aventure à moi, c'est ce que j'ai voulu Etre pour tous les cons un objet de scandale
Un soir en descendant la rue du Mont-Cenis J'avais peut-être un peu forcé sur la bouteille J'ai vu trois caravelles cingler sur Tahiti Depuis, cette rue-là pour moi n'est plus pareille J'y vais boire l'apéro avec des conquistadors Dont aucun n'a jamais découvert l'Amérique On mélange à plaisir les vivants et les morts Et quand on s'est tout dit... il reste la musique
Mai 2011: Rencontre avec Loïc Lantoine (Thou'chant) - extrait Hier, durant le spectacle, peut-être parce que c’était la deuxième ou troisième chanson qui se situait dans un bar, je t’ai vraiment vu là au croisement de Couté, de Dimey et de Leprest…
« Ce ne sont que des belles références, alors je ne sais pas quoi dire… (et, prenant une voix très pompeuse : ) Oui, effectivement, je trouve que je suis à la quintessence de ces trois (rires). Tu sais bien, on a des références communes. Ce sont des références fortes. C’est rigolo, parce que Dimey c’est ma découverte de la chanson, dans un petit bistrot à Wasem, à Lille, avec des gens qui animent des bistrots et m’ont fait découvrir la chanson. Un monsieur qui s’appelle Gérard Busine : grâce à lui, j’ai découvert Bernard Dimey. Gaston Couté, lui, c’est important pour moi, parce que Gérard Pierron, le père de François et repreneur de Couté, c’est aussi lui qui a mis le pied à l’étrier d’Allain Leprest, qui est pour moi la référence ultime. Allain, c’est le mec qui m’a poussé à faire ce boulot-là, alors que je faisais le zouave. »
JeHan, qui a mis en musique et interprété Loïc Lantoine et Allain Leprest avec beaucoup de bonheur (album "les ailes de JeHan" notamment), a également aprécié les textes de Bernard Dimey avec tout autant de talent ... particulièrement sur un disque qui lui est consacré : "Divin Dimey"
Si tu me payes un verre
Si tu me payes un verre, je n'te demand'rai pas Où tu vas, d'où tu viens, si tu sors de cabane, Si ta femme est jolie ou si tu n'en as pas, Si tu traînes tout seul avec un cœur en panne. Je ne te dirai rien, je te contemplerai. Nous dirons quelques mots en prenant nos distances, Nous viderons nos verres et je repartirai Avec un peu de toi pour meubler mon silence.
Si tu me payes un verre, tu pourras si tu veux Me raconter ta vie, en faire une épopée En faire un opéra... J'entrerai dans ton jeu Je saurai sans effort me mettre à ta portée Je réinventerai des sourir' de gamin J'en ferai des bouquets, j'en ferai des guirlandes Je te les offrirai en te serrant la main Il ne te reste plus qu'à passer la commande
Si tu me payes un verre, que j'aie très soif ou pas, Je te regarderai comme on regarde un frère, Un peu comme le Christ à son dernier repas. Comme lui je dirai deux vérités premières : Il faut savoir s'aimer malgré la gueul' qu'on a Et ne jamais juger le bon ni la canaille. Si tu me payes un verre, je ne t'en voudrai pas De n'être rien du tout... Je ne suis rien qui vaille !
Si tu me payes un verre, on ira jusqu'au bout, Tu seras mon ami au moins quelques secondes. Nous referons le monde, oscillants mais debout, Heureux de découvrir que si la terre est ronde On est aussi ronds qu'elle et qu'on s'en porte bien. Tu cherchais dans la foule une voix qui réponde, Alors, paye ton verre et je paierai le mien, Nous serons les cocus les plus heureux du monde.
— Bernard Dimey — musique : Cris Carol - Claude Nougaro — Éditions Paroles de Dimey
Jehan et Nougaro
Valérie Mischler : si tu me payes un verre
Je sens qu'il va falloir
Je sens qu'il va falloir bientôt changer d'église Et changer de bistrots, de femmes et de copains, Tout de suite après boire aller faire sa valise. Fini le mal de vivre et de gagner son pain...
Pourtant j'ai de la peine à sentir, à comprendre, Lorsque tout se défait, l'effet que ça fera... Je sens qu'il va falloir que je m'y laisse prendre, Un grand coup d'épouvante et tout s'engloutira.
La vie c'est merveilleux, bien sûr quand c'est vivable. On se nourrit de peu, mais un peu tous les jours. Je voudrais vous offrir un gisant présentable... Je sens qu'il va falloir bientôt changer d'amour,
Essayer de franchir la muraille du songe, De faire quelques pas tout seul et prudemment Parmi de purs esprits délivrés du mensonge, Irréels et présents, comme dans les romans...
C'est assez rassurant d'imaginer la suite Et de s'y ménager le gîte et le couvert, Un paradis joyeux où l'on prendrait sa cuite Sans avoir à payer l'archange qui vous sert.
Je sens que le jour vient de la nuit qui s'installe, Une superbe nuit, sans planète ni rien Où j'irai naviguer, visiter les étoiles Et parler de la terre où l'on était si bien.
Il se pourrait fort bien que cette nuit peut-être Je m'écroule au milieu de ma salle de bains. N'allez pas réveiller les flicards ni les prêtres, Un simple coup de fil à deux ou trois copains...
J'aime qu'on m'aime un peu, cela n'a rien d'étrange, Grâce à Dieu, quelques-uns le savaient par ici. Avant de m'en aller faire le con chez les anges, Dois-je vous dire adieu, au revoir ou merci ?
— Bernard Dimey — musique : JeHaN Cayrecastel — Éditions Paroles de Dimey