Transmission de déclic, de conseils, de pressenti, de ressenti ...
* Quand Henri Tachan est encore serveur au Canada chez Clairette (une boîte mondaine, le rendez-vous d’ Aznavour, Brel, Bécaud … ), à Montreal, il rencontre Jacques Brel. Tachan écrivait quelques textes, pour le plaisir. Il les fait lire à Brel qui l’encourage à revenir sur Paris : « Botte toi le cul et rentre à Paris ! ». Il se battra alors pour l’imposer (sans peine vue sa notoriété et son poids musical) chez Barclay. Henri Tachan réussi alors à enregistrer directement un 33 tours, grâce à l’aide de Jacques Brel.
* Quand Allain Leprest rencontre Henri Tachan par l’intermédiaire de Didier Dervaux, il chantait localement autour de Rouen. Il chantait quelques-uns des textes du futur Tralahurlette. Didier Dervaux présente ces textes à Henri Tachan. Allain Leprest raconte : « C’est la lettre que Tachan m’a écrite à Rouen qui a tout déclenché. Un ami, Didier Dervaux, est allé le voir avec les textes que j’écrivais à l’époque. Et dix jours après, il m’envoyait une lettre très chaleureuse et suffisamment convaincante pour qu’on fasse nos valises pour venir à Paris. Tachan a été vraiment une clé. » Coup de fil d’Henri Tachan, au ton péremptoire, à Fred Hidalgo, patron de Chorus : - Salut, c’est Henri. Je vous préviens tout de suite, les amis : je ne raccrocherai pas tant que vous ne m’aurez pas promis, juré, de faire ce que je vais vous demander ! Fred Hidalgo : Ribambelle de points d’interrogation devant cette drôle d’entrée en matière. Le mieux est de le laisser poursuivre. - Hier soir, je chantais au Petit-Quevilly, près de Rouen, et j’ai été soufflé comme jamais par le jeune chanteur qui faisait ma première partie. Je n’ai jamais ressenti un tel choc depuis Brel… Fred Hidalgo : « Waouh ! Pour que Tachan nous dise ça, lui si avare de compliments envers ses collègues, c’est qu’il y a du talent dans l’air ! Comme celui que Brel, justement, avait décelé chez Tachan après qu’il lui eut fait découvrir ses chansons dans le restaurant de Montréal où il était alors serveur, l’enjoignant de rentrer séance tenante à Paris et de se battre pour se faire une place dans la chanson. . » Henri Tachan lui préfacera son recueil de chansons "Tralahurlette" :
J’ai pas la préface facile : P’têtre parc’que je suis trop exigeant ou pas assez aimant… ou bien les deux.
Et puis LEPREST est arrivé ! Nom du Diable, quel choc ! Faut le redire, mes frères : le talent, ça court pas les pages en 1981 ! Ça fait quoi ? 5 ans, 10 ans, plus peut être , que je n’avais pas lu ÇA... Et ce soir, je me sens d’une humilité jubilatoire d’écrire ces quelques lignes. J’ai envie de crier : enfer ! que c’est beau ! Et pour le crier, j’ai envie de trouver des mots qui n’existent pas -ou plutôt qui n’existent plus car LEPREST les a déjà pris, tordus et recrachés en émotion-révolte, en tralahurlette-amour"….
Ah ! Papamaman, ah ! lecteur ! quel pot vous avez !
Et vous, baudruches, mayonnaises, baudruches de toutes plumes, _ resquilleurs de l’immortalité, passez votre chemin…
Allain LEPREST est arrivé :
Je l’aime
Henri TACHAN
Henri Tachan et Allain Leprest interviewés ensemble dans une émission de Jacques Rouxel évoquent cette transmission. Brel -> Tachan -> Leprest
Loïc Lantoine parle de sa rencontre avec Allain Leprest dans le Parisien :
Loïc Lantoine raconte Ivry dans ce texte "Ivry dire", ce texte a vécu sur scène, a failli se retrouver sur l'album "les ailes de JéHan". Ici, Loïc Lantoine la "pas chante" à l'Ailleurs à Paris, en février 2000 :
Ivry dire paroles de Loïc Lantoine, mis en musique par JéHan Cayrecastel
C'est depuis la Courneuve, où l'on fête les hommes, Qu'une fière flêche rouge perce le coeur de Paris Je m'en vais à Ivry où les amours sont bonnes Pour causer météo au café d'la mairie. Ici Casanova ne drague pas au bistrot, Une femme a là-bas renchéri sur son nom Et quand j'ai le coeur vide j'y viens vivre de trop A l'ombre de ces tours des géants font les cons.
Ivry dire Je viens boire ta légende A vrai dire C'est que j'aime tes gens
Eh ! Les gars ret'nez moi ou j'vous fait un bonheur Bande d'obèses du coeur avec vos tronches cassées J'ai plus pied, on se marre une marée de bonnes heures Et quand vient le reflux j'en ai presque eu assez. Allez v'nez on s'engueule pour pas se dire qu'on s'aime C'est quoi, le temps vous Prest à vous cramer si vite ? Moi je suis tout rempli mais j'en reveux quand même De Coco à Nanar, on met mes peurs en fuite
Ivry dire Je viens boire ta légende A vrai dire C'est que j'aime tes gens
* Quand Loïc Lantoine rencontre Allain Leprest : Loïc Lantoine parle d'Allain Leprest sur l'interview musicale "se(p)t de coeur" Loïc Lantoine : Allain, c'est fondateur. Il était venu à Lille. A l'époque, je bossais dans une association qui s'occupe de la chanson, "Les In-ouïes", et d'un groupe ... enfin .... formée par un groupe qui s'appelait les "Belles Lurettes". Allain était venu chanté, et on était tombé assez copains, on avait bien rigolé pour tout dire, et il m'avait dit "toi tu devrais écrire ! C'que j'ai fait comme un con que je suis. Bon, j'ai appris derrière qu'il le disait à tout le monde (rire). Et il m'avait laissé son adresse à Ivry, et j'étais débarqué tremblant avec 5, 6 textes chez lui. J'avais fait 2 ou 3 fois le tour du quartier parce que j'étais terrorisé, j'avais du boire je sais pas combien de verres pour avoir le courage de sonner en bas de chez Sally et Allain. Et voilà, j'étais grimpé là haut et il a écouté ça. Il m'a dit "Bon, à partir de maintenant, dis toi une chose, même si pendant longtemps, il ne se passe plus, dis toi que tu écris et que c'est pour toujours. Et maintenant, viens avec moi !" On est descendu en bas au café de la mairie, en bas de chez lui à Ivry, et il a dit à ses potes qu'étaient là au comptoir "Fermez vos gueules, j'vous ramène un truc !". Et j'me suis retrouvé à dire mes textes pour la première fois devant des gens. ma vie a complètement changé à partir de ce jour là. Je sais pas pourquoi j'ai osé faire ça, et ça s'est bien goupillé. »
Emission du 28 février 2013 sur France culture, sur les docks "Musiques des voix" "Les mots d'Allain Leprest" (émission complète plus bas sur cette page) « Et après, sur ses conseils aussi, j'ai quitté mon nord pour venir à Paris, et j'ai démarré le boulot là, comme ça. Donc j'étais très souvent à Ivry où y'avait quand même une belle bande de fous furieux. Donc voilà, j'avais quand même beaucoup profité de ses conseils, de sa bienveillance. Il m'emmenait un p'tit peu dans ses bagages, faire ses premières parties, des ateliers d'écriture qu'il faisait à Ivry, on y voyait passer énormément de gens. On s'réchauffait tous, on était bien serré les uns contre les autres et on avait plus peur, et grâce à lui parce que sa présence était vachement rassurante. Son écoute était tellement belle .... Ce gars a changé ma vie. C'est mon boulot maintenant quoi ! Et il est chouette !"
Dans l'émission Chanson Boum de janvier 2008 où Allain Leprest parle de l'album "Chez Leprest" au côté de Loïc Lantoine : Allain Leprest : Oui ! Sauf que par pudeur, par exemple, Loïc ne dit pas qu’effectivement, il écrivait déjà et qu’je …. Peut-être que par médium interposé, j’avais senti à notre première rencontre, c’était dans l’Nord, il s’occupait d’une petite compagnie qui s’appelait ….. Loïc Lantoine : « les In-Ouïes » …. Allain Leprest : Ah voilà ! C’est ça … oui …. On a passé une soirée formidable là-bas comme on en passe dans le nord … et que j’avais dit « toi tu dois écrire ! » et qu’effectivement, on s’était retrouvé entre un départ de train le lendemain matin et qu’on s’était retrouvé avec des textes de Loïc, et la veille aussi un p’tit peu ….. et là, y’avait une évidence quand même, c’était quelqu’un qui écrivait !
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Il commence par fréquenter les bistrots parisiens avec des amis musiciens tels que La Rue Kétanou, Dikès ou le poète rockeur Stéphane Cadé.
"Moi c'est un peu mon papa de métier en fait Allain. J'étais déjà allé le voir en spectacle, il était venu à Lille sur un p'tit festival. Et puis on avait sympatisé, il était resté quelques jours chez des copains à moi. Il était revenu une paire de fois, il s'était pas mal attaché à mon quartier. Et puis un jour, il m'a dit toi tu devrais écrire. Et comme un con que je suis, je l'ai fait. Et puis j'ai su après qu'il disais ça à tout le monde, il m'avait pas adoubé (rire). Mais j'suis allé quelques temps après chez lui, en tremblant, à Ivry. J'ai fait trois fois le tour du quartier, j'me suis arrêté dans tous les bistrots pour me donner un peu de courage. Et j'ai sonné chez lui. Il m'a dit "bah ! Monte, qu'est ce que tu fais là ?" Puis j'lui ai lu timidement mes premiers textes. Il devait aller faire une sieste parce que le soir il faisait des ateliers d'écriture pendant la nuit à Ivry. Et là il fait "Bon, attend !" Et là, il a remis sa veste, on est descendu au bar en bas de chez lui, et il a dit "Bon, maintenant les gars, fermez là ! Et écoutez ça !" Et c'était mon premier public, la première fois. Allain, il m'a descendu dans son bar avec ses potes. Et moi j'étais en train de dire mes p'tites bêtises à fond la caisse, super gêné. Et après, sur ses conseils aussi, j'ai quitté mon nord pour venir à Paris, et j'ai démarré le boulot là, comme ça. Donc j'étais très souvent à Ivry où y'avait quand même une belle bande de fous furieux. Donc voilà, j'avais quand même beaucoup profité de ses conseils, de sa bienveillance. Il m'emmenait un p'tit peu dans ses bagages, faire ses premières parties, des ateliers d'écriture qu'il faisait à Ivry, on y voyait passer énormément de gens. On s'réchauffait tous, on était bien serré les uns contre les autres et on avait plus peur, et grâce à lui parce que sa présence était vachement rassurante. Son écoute était tellement belle .... Ce gars a changé ma vie. C'est mon boulot maintenant quoi ! Et il est chouette !"
Mon P'tit amour du café d'la gare
En live à l'Ailleurs, un bar qui offrait une scène à chanson, aujourd'hui disparue version presque vraiment pas chantée dans les début du duo formé par Loïc et François, en février 2000.
2 versions plus chantées et plus rythmées, plus tardives
Il revient à Lille, dans son quartier d'enfance de Wazemmes, dès qu'il le peut. Mais Paris reste une ville de copains et de fêtes (des milliers sur les 50 000 milliards), même si certains côtés parisiens l'agacent ! ..... "Je reviens vers vous pour vous dire que je suis en mode j'en peux p'us de ces expressions parisiennes à la con. C'est juste éneurme comment ça m'énerve kwaaa. À y est j'ai pu's faim." ..... Bon ben ...... Allo quoi !
Une vision de Paris, interview du 24 avril 2013 pour Télérama :