Transmission de déclic, de conseils, de pressenti, de ressenti ...
* Quand Henri Tachan est encore serveur au Canada chez Clairette (une boîte mondaine, le rendez-vous d’ Aznavour, Brel, Bécaud … ), à Montreal, il rencontre Jacques Brel. Tachan écrivait quelques textes, pour le plaisir. Il les fait lire à Brel qui l’encourage à revenir sur Paris : « Botte toi le cul et rentre à Paris ! ». Il se battra alors pour l’imposer (sans peine vue sa notoriété et son poids musical) chez Barclay. Henri Tachan réussi alors à enregistrer directement un 33 tours, grâce à l’aide de Jacques Brel.
* Quand Allain Leprest rencontre Henri Tachan par l’intermédiaire de Didier Dervaux, il chantait localement autour de Rouen. Il chantait quelques-uns des textes du futur Tralahurlette. Didier Dervaux présente ces textes à Henri Tachan. Allain Leprest raconte : « C’est la lettre que Tachan m’a écrite à Rouen qui a tout déclenché. Un ami, Didier Dervaux, est allé le voir avec les textes que j’écrivais à l’époque. Et dix jours après, il m’envoyait une lettre très chaleureuse et suffisamment convaincante pour qu’on fasse nos valises pour venir à Paris. Tachan a été vraiment une clé. » Coup de fil d’Henri Tachan, au ton péremptoire, à Fred Hidalgo, patron de Chorus : - Salut, c’est Henri. Je vous préviens tout de suite, les amis : je ne raccrocherai pas tant que vous ne m’aurez pas promis, juré, de faire ce que je vais vous demander ! Fred Hidalgo : Ribambelle de points d’interrogation devant cette drôle d’entrée en matière. Le mieux est de le laisser poursuivre. - Hier soir, je chantais au Petit-Quevilly, près de Rouen, et j’ai été soufflé comme jamais par le jeune chanteur qui faisait ma première partie. Je n’ai jamais ressenti un tel choc depuis Brel… Fred Hidalgo : « Waouh ! Pour que Tachan nous dise ça, lui si avare de compliments envers ses collègues, c’est qu’il y a du talent dans l’air ! Comme celui que Brel, justement, avait décelé chez Tachan après qu’il lui eut fait découvrir ses chansons dans le restaurant de Montréal où il était alors serveur, l’enjoignant de rentrer séance tenante à Paris et de se battre pour se faire une place dans la chanson. . » Henri Tachan lui préfacera son recueil de chansons "Tralahurlette" :
J’ai pas la préface facile : P’têtre parc’que je suis trop exigeant ou pas assez aimant… ou bien les deux. Et puis LEPREST est arrivé ! Nom du Diable, quel choc ! Faut le redire, mes frères : le talent, ça court pas les pages en 1981 ! Ça fait quoi ? 5 ans, 10 ans, plus peut être , que je n’avais pas lu ÇA... Et ce soir, je me sens d’une humilité jubilatoire d’écrire ces quelques lignes. J’ai envie de crier : enfer ! que c’est beau ! Et pour le crier, j’ai envie de trouver des mots qui n’existent pas -ou plutôt qui n’existent plus car LEPREST les a déjà pris, tordus et recrachés en émotion-révolte, en tralahurlette-amour"…. Ah ! Papamaman, ah ! lecteur ! quel pot vous avez ! Et vous, baudruches, mayonnaises, baudruches de toutes plumes, _ resquilleurs de l’immortalité, passez votre chemin… Allain LEPREST est arrivé : Je l’aime Henri TACHAN
Quand Loïc Lantoine rencontre Allain Leprest : Loïc Lantoine parle d'Allain Leprest sur l'interview musicale "se(p)t de coeur" Loïc Lantoine : Allain, c'est fondateur. Il était venu à Lille. A l'époque, je bossais dans une association qui s'occupe de la chanson, "Les In-ouïes", et d'un groupe ... enfin .... formée par un groupe qui s'appelait les "Belles Lurettes". Allain était venu chanté, et on était tombé assez copains, on avait bien rigolé pour tout dire, et il m'avait dit "toi tu devrais écrire ! C'que j'ai fait comme un con que je suis. Bon, j'ai appris derrière qu'il le disait à tout le monde (rire). Et il m'avait laissé son adresse à Ivry, et j'étais débarqué tremblant avec 5, 6 textes chez lui. J'avais fait 2 ou 3 fois le tour du quartier parce que j'étais terrorisé, j'avais du boire je sais pas combien de verres pour avoir le courage de sonner en bas de chez Sally et Allain. Et voilà, j'étais grimpé là haut et il a écouté ça. Il m'a dit "Bon, à partir de maintenant, dis toi une chose, même si pendant longtemps, il ne se passe plus, dis toi que tu écris et que c'est pour toujours. Et maintenant, viens avec moi !" On est descendu en bas au café de la mairie, en bas de chez lui à Ivry, et il a dit à ses potes qu'étaient là au comptoir "Fermez vos gueules, j'vous ramène un truc !". Et j'me suis retrouvé à dire mes textes pour la première fois devant des gens. ma vie a complètement changé à partir de ce jour là. Je sais pas pourquoi j'ai osé faire ça, et ça s'est bien goupillé. »
Emission du 28 février 2013 sur France culture, sur les docks "Musiques des voix" "Les mots d'Allain Leprest" (émission complète plus bas sur cette page) « Et après, sur ses conseils aussi, j'ai quitté mon nord pour venir à Paris, et j'ai démarré le boulot là, comme ça. Donc j'étais très souvent à Ivry où y'avait quand même une belle bande de fous furieux. Donc voilà, j'avais quand même beaucoup profité de ses conseils, de sa bienveillance. Il m'emmenait un p'tit peu dans ses bagages, faire ses premières parties, des ateliers d'écriture qu'il faisait à Ivry, on y voyait passer énormément de gens. On s'réchauffait tous, on était bien serré les uns contre les autres et on avait plus peur, et grâce à lui parce que sa présence était vachement rassurante. Son écoute était tellement belle .... Ce gars a changé ma vie. C'est mon boulot maintenant quoi ! Et il est chouette !"
Dans l'émission Chanson Boum de janvier 2008 où Allain Leprest parle de l'album "Chez Leprest" au côté de Loïc Lantoine : Allain Leprest : Oui ! Sauf que par pudeur, par exemple, Loïc ne dit pas qu’effectivement, il écrivait déjà et qu’je …. Peut-être que par médium interposé, j’avais senti à notre première rencontre, c’était dans l’Nord, il s’occupait d’une petite compagnie qui s’appelait ….. Loïc Lantoine : « les In-Ouïes » …. Allain Leprest : Ah voilà ! C’est ça … oui …. On a passé une soirée formidable là-bas comme on en passe dans le nord … et que j’avais dit « toi tu dois écrire ! » et qu’effectivement, on s’était retrouvé entre un départ de train le lendemain matin et qu’on s’était retrouvé avec des textes de Loïc, et la veille aussi un p’tit peu ….. et là, y’avait une évidence quand même, c’était quelqu’un qui écrivait !
Suite de l'interview : Loïc Lantoine parle d'Allain Leprest sur l'interview musicale "se(p)t de coeur" Loïc Lantoine : ...... Et j'me suis retrouvé à dire mes textes pour la première fois devant des gens. ma vie a complètement changé à partir de ce jour là. Je sais pas pourquoi j'ai osé faire ça, et ça s'est bien goupillé. J'ai eu du bol et je regrette pas. Allain je lui dois énormément de choses. Et là j'avais choisi "Mont Saint Aignan", pareil, j'ai choisi vite parce que j'avais pas envie d'y passer des heures, mais "Mont Saint Aignan" parce qu'il m'avait emmené une paire de fois là bas, chez ses parents Jean et Marguerite, des gens vraiment formidables. C'était de grandes parties de rigolades, de simplicité, ... de pétanque ! On y étais bien à Mont Saint Aignan !
René Pagès : J'ai le souvenir d'un spectacle Allain leprest, JeHan, Loïc Lantoine ... Loïc Lantoine : Oui, ça s'appelait "Ne nous quittons plus". C'était mes débuts dans le boulot. Je démarrais à peine. JeHan et Allain, c'est vraiment mon entrée dans le métier, et qu'est ce que j'étais fier de faire partie de cette affaire là !
Extrait de "Pas la peine de crier" Loïc Lantoine : Leprest, c'est mon papa de métier .... mais c'est une écriture qu'est pour moi, vraiment, parmi les plus belles que j'ai jamais pu lire ou surtout entendre et de la même manière, c'est quelqu'un qui voulait être compris, entendu, c'est sans frime. Après ça, c'est une séquence polaroïd, et je trouve qu'il a une écriture très photographique d'ailleurs, c'est des images qui sont fortes et qui vont bien ensemble. Et ça fait toujours plaisir à l'entendre parce qu'il nous a quitté il n'y a pas si longtemps que ça ....
Extrait de l'émission "dans les oreilles de Loïc Lantoine" Loïc Lantoine : La première fois que j'ai vu s'avancer sur scène Allain Leprest, j'ai pris ....... le premier pas que j'l'ai vu poser sur la scène, je savais qu'il allait se passer quelque chose. J'ai découvert Leprest parce que c'était quand même quelqu'un d'important dans la chanson, et la chanson j'l'ai découverte très tard. J'étais comme tout ceux qu'ont grandi dans les années 80, la chanson était quand même vachement ringardisée, on n'écoutait pas, d'où mon goût pour Springsteen, Dylan. Et j'ai un copain qui m'a un peu tiré les oreilles en me voyant m'escrimer à essayer de comprendre c'que disait Dylan dans certaines de ses chansons, en me disant, "tu sais, y'a des gens qui chantent formidablement bien en français, et il m'a converti c't'imbécile. Et j'suis tombé vraiment croc du format chanson parce que j'étais un grand lecteur de poésie, mais j'écoutais pas du tout de chanson. Effectivement, c'était des chansons qu'on n'entendais pas à la radio et qu'étaient superbes. Allain en était un des chefs de file et c'est une écriture qui pour moi est une des plus belle qui ait jamais existé en chanson. Donc voilà, j'me suis tourné vers ça. J'ai envie de dire, parce que là, je m'en souviens très bien, une formule complètement acoustique dans plus ou moins un squat, au dernier étage à Lille. C'était les "inouïs", une association qui organisait ce festival, et c'était hyper intime avec le feu de cheminée et le cubi de vin rouge, et Leprest au milieu, sans micro. Avec juste un accordéoniste, c'était très beau !
Qu'a dit le feu qu'elle a dit l'eau (Allain Leprest / Daniel Lavoie)
J´enfume, j´aboie, je crépite Je change en colliers les pépites Je rends tous les astres envieux Qu´a dit le feu
Je caresse, je noie, je lèche Je m´éponge, me bois, me pêche Je porte le ciel sur mon dos Qu´elle a dit l´eau
Je brûle la peau des forêts M´est arrivé de dévorer Le grain d´un épi de cheveux Qu´a dit le feu
J´ai dessiné un million d´îles J´ai ressuscité des fossiles J´ai inventé les caniveaux Qu´elle a dit l´eau
J´effraie, je brûle, j´incandescente D´une ville, je fais des cendres En lui adressant mes bons vœux Qu´a dit le feu
Rien qu´une goutte sur tes bûches Un petit crachat de ma cruche Un pleur et je te fais la peau Qu´elle a dit l´eau
On crie mon nom au pas de tir J´ai conduit des gens au martyr En arrachant leur moindre aveu Qu´a dit le feu
J´irrigue, je fais plus mon âge Je rudoie parfois les barrages J´écris des chansons pour Léo Qu´elle a dit l´eau
Je suis rouge, je sens le pain J´ai mis cent étoiles au tapin En fait, je fais ce que je veux Qu´a dit le feu
J´illumine les aquarelles J´ai inventé les arcs-en-ciel Et le pompon des matelots Qu´elle a dit l´eau
Tu brilles pas par tes arguments Mais pardonne-moi si je mens Quand je suis feu doux, je suis bleu Qu´a dit le feu
Je ne suis pas une lumière Et moi qu´on appelle la mer Je suis que l´écho d´un ruisseau Qu´elle a dit l´eau
Le soleil est tombé en larmes Quand l´eau y a déclaré sa flamme C´est la première fois que je pleus Qu´a dit le feu
Cent fleuves ont replié leurs bras Sous les pluies mouillées de leurs draps La nature a bien du culot Qu´elle a dit l´eau
Loïc Lantoine : A mes tout débuts, j'écoutais .... mais c'est marrant parce que j'me suis mis à moins écouter de musique à partir du moment où j'me suis mis à faire des chansons, le pied à l'étrier, et donc, j' reviens un peu à lui, c'est Leprest. Les albums de Leprest sont assez difficiles parfois en disque, j'suis pas d'accord forcément avec tous les arrangements, ça dépend des albums, mais c'est son écriture en tout cas, on peut parler de modèle parce qu'elle est vraiment puissante, mais en tout cas sa justesse, la façon dont il écrivait, oui, forcément, j'ai ça un peu en tête.
Loïc Lantoine parle de sa rencontre avec Allain Leprest dans le Parisien : Comment avez-vous découvert Allain Leprest ? LOÏC LANTOINE. Il passait dans ma région, près de Lille. La première chanson que j'ai entendue, c'est « Je viens vous voir ». J'ai pris une claque d'entrée. Non seulement sa plume m'a scotché mais j'étais impressionné par sa façon de tenir la scène. Il dégageait quelque chose de très fort. J'ai réussi à le rencontrer par le biais d'une association dans laquelle je travaillais. A l'époque je n'écrivais pas. (NDLR : Allain Leprest dit le contraire dans le Chanson Boum de 2008 devant Loïc Lantoine qui ne le contredit pas). Il m'a dit que je devais essayer. Comment vous êtes vous retrouvés à Ivry? Quelques années après, je me suis installé à Paris. Et j'allais très souvent à Ivry. Tous les mercredis, il y avait des ateliers d'écriture au Picardie (NDLR : un restaurant qui organise régulièrement des concerts ). On était une cinquantaine à y participer. Allain partait du principe que tout le monde pouvait écrire. On faisait des défis, des jeux. Une de mes chansons, « Manneken Pis », je l'ai écrite là-bas. J'ai même gardé le texte. A l'époque — c'était il y a quinze ans —, on était toute une bande à Ivry à bien se marrer autour d'Allain. A part son talent, c'était aussi quelqu'un de très drôle.
Je viens vous voir (Allain Leprest / Romain Didier)
C´est des marmots, c´est grand comme ça la la A Bogota, c´est des forçats la la Ca mord, ça meurt, ça pioche dans l´or Ca gagne des gnons et l´soir ça dort Sur l´oreiller de leur trottoir Va donc les voir
Elle est toute seule dans sa cuisine la la Plus de clébard, plus de cousine la la Y a plus rien d´chaud dans son frigo Y a plus d´espoir, y a plus d´écho Plus de désir, plus de mémoire Va donc la voir
Il est en berne, il tire sa peine la la Il prend tout seul son café crème la la Il s´tire une balle mais il se loupe Dix balles cinquante dans la soucoupe Y a plus d´histoire, plus de pourboire Va le revoir
T´aimes pas Manet, t´aimes pas Beethov´ la la T´aimes pas aimer, t´aimes pas I love la la Toi t´aimes rien, t´aimes que ton chien T´as l´eau chez toi mais l´eau c´est rien Quand t´as personne pour l´entreboire Va te faire voir
Ca manque d´amour dans la basse-cour la la Le bon Dieu a les bras trop courts la la Les gens sont beaux, le monde est bête Quand on jettera des cacahuètes Dans l´fond du zoo au fond du square Venez vous voir
Je chante ce soir pas loin d´Honfleur la la J´mange un piano vers les vingt heures la lalala Je ramène tout l´monde, les gosses, ma gueule Le mec perdu, la vieille toute seule C´est pour l´amour, pas pour la gloire Je viens vous voir
C´est pour l´amour, pas pour la gloire Je viens vous voir
La photo de famille d'une bonne partie des acteurs et protagonistes de l'atelier d'écriture d'Allain Leprest, un soir, à l'occasion de la fête de la musique organisée au Picardie par l'association Le pavillon, en 1999. Le groupe gris.
Que vous a-t-il appris ? C'était le tout premier à avoir entendu mes textes. Je me souviens de ses mots : « Dis-toi que tu es fait pour écrire. Tu as ça en toi pour toujours. » On est nombreux à avoir bénéficié de son influence. Mais aucun ne se permettra de revendiquer sa paternité. Vous vous attendiez à ce qu'autant de personnes veuillent assister à ce concert hommage? Oui. Même de son vivant, le concert aurait été plein. Mais là, plein de gens ont besoin de dire au revoir au bonhomme.
Autre photo de famille des ateliers.
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Une autre création des ateliers d'Allain : Petit âne (chanté par Dikès) et co-écrit par A. Leprest, S. Cadé, F. Vintrignier, L. Malot, P. Garreau, musique de M. Guillaume. Stéphane Cadé raconte : .... cette chanson a été écrite lors d'un atelier nocturne chez Allain. Il avait appelé ça les "lundis blancs" parce que ça commençait à minuit et finissait à 7h. Sacrée aventure. Ce texte était à l'origine une adaptation (libre) en français d'une chanson de Djamel Allam. Ce dernier ayant décliné la proposition, M. Guillaume a composé cette musique terrib'.
Ateliers diurne sur la terrasse du Picardie, à Ivry
H. H. : Quand est ce que tu as compris que, bah ..., les rimes, tu pouvais aussi rimer, tu pouvais aussi mettre les mots en format ? L. L. : Comme tout le monde, à un moment, tout le monde s'y est essayé une fois en cachette. Moi, j'ai eu la chance de rencontrer Allain Leprest qui a complètement ... H. H. : changé ta vie. L. L. Complètement oui ... J'le raconte souvent, mais, il m'a dit "toi tu devrais écrire !". J'l'ai fait. Bon, j'me suis bien aperçu après qu'il le disait à tout le monde. Mais c'est vrai, j'fais partie des imbéciles qui l'ont fait, et j'me suis retrouvé chez lui, tout tremblant, avec mes papiers lillois ... H. H. : C'est très très intéressant ! On a essayé une fois d'écrire une chanson, mais on a jamais réussi à rien ensemble, mais j'ai vu comment il faisait des cases dans lesquelles il mettait des mots. C'est très intéressant sa technique d'écriture. L. L. : Bah voilà justement encore ... A partir du moment où on tient à garder une émotion intacte, bah en se mettant des batons dans les roues, en s'obligeant à tordre les mots pour garder le sens parce qu'on a imposé des formes et des mots à certains endroits, on arrive à quelque chose de plus étonnant, qui est moins donneur de leçons finalement. C'est pour ça qu'Allain, c'était des images foudroyantes aussi parce qu'il s'imposait le fait de retomber sur ses pattes après des audaces. Et c'est vrai que c'était assez rigolo. On avait des fois l'impression que c'était un puzzle un brouillon de Leprest.
Loïc Lantoine parle d'Allain Leprest (extraits de l'émission)
"Il chante ce qu'on est et c'qu'on aspire à être, c'qu'on pourrait être. Il chante nos humiliations qui sont nombreuses et il nous pousse à l'espoir. Cette poésie, elle nous rend beau. Dans les chansons d'Allain, les héros sont des gens ordinaires. Donc, y'a des galeries de portraits, mais ce ne sont jamais des flamboyants, ce sont toujours des gens qui sont un petit peu amochés. Mais il va toujours les rendre superbes et donne envie de les cotoyer. Moi, ça me rend fier, j'ai l'impression d'être un bel humain et d'être entouré par des belles personnes quand j'écoute Allain parce qu' il avait tellement cette bienveillance là. Une chanson comme Rue Blondin, "il est 2h02, c'est callamiteux, si je ments je meurs, j'ai brulé mes thunes et là haut la lune joue les croissants beurre devant l'épicerie" ..... cette chanson, il se passe rien. Voilà un gars qui passe avec un vélo avec des restes de légumes et les "métros roupillent, roulés comme des chenilles" .... j'm'en fous moi de savoir qu'il y a un vieux breton qui passe sur un vélo, mais j'adore, et j'm'y sens bien dans cette chanson. J'sais pas pourquoi. C'est le talent ça je crois."
"J'adorais regarder la manière dont il s'emparait d'un papier, d'un crayon, ou d'une nappe, et la manière dont il écrivait..... c'était très beau à voir. Il avait des mains superbes, elles avaient l'air presques maladroites, alors qu'il faisait des choses magnifiques. C'était quelqu'un qui écrivait bien, mais aussi en peinture, en sculpture, des trucs magnifiques comme absurdes. C'est quand même quelqu'un qu'était capable de sculpter un slip congelé pour garder la forme, et qui à côté de ça faisiat des trucs superbes. Quand il écrivait, quand il s'emparait du matos, c'était vraiment beau à voir et on pouvait pas le déranger, il demandait pas forcément le calme, il pouvait très bien écrire au milieu d'une conversation avec pleins de gens autour. Quand il était rentré dedans, c'était parti. Moi j'aimais regarder ça."
"J'aime bien parfois ce côté un peu impressioniste. Il dépose la matière, c'est brut, et en même temps c'est extrèmement élégant, mais y'a un côté, vraiment, c'est d'un bloc. Y'a pleins d'aspérités, c'est ça que j'aime beaucoup"
"Moi c'est un peu mon papa de métier en fait Allain. J'étais déjà allé le voir en spectacle, il était venu à Lille sur un p'tit festival. Et puis on avait sympatisé, il était resté quelques jours chez des copains à moi. Il était revenu une paire de fois, il s'était pas mal attaché à mon quartier. Et puis un jour, il m'a dit toi tu devrais écrire. Et comme un con que je suis, je l'ai fait. Et puis j'ai su après qu'il disais ça à tout le monde, il m'avait pas adoubé (rire). Mais j'suis allé quelques temps après chez lui, en tremblant, à Ivry. J'ai fait trois fois le tour du quartier, j'me suis arrêté dans tous les bistrots pour me donner un peu de courage. Et j'ai sonné chez lui. Il m'a dit "bah ! Monte, qu'est ce que tu fais là ?" Puis j'lui ai lu timidement mes premiers textes. Il devait aller faire une sieste parce que le soir il faisait des ateliers d'écriture pendant la nuit à Ivry. Et là il fait "Bon, attend !" Et là, il a remis sa veste, on est descendu au bar en bas de chez lui, et il a dit "Bon, maintenant les gars, fermez là ! Et écoutez ça !" Et c'était mon premier public, la première fois. Allain, il m'a descendu dans son bar avec ses potes. Et moi j'étais en train de dire mes p'tites bêtises à fond la caisse, super gêné. Et après, sur ses conseils aussi, j'ai quitté mon nord pour venir à Paris, et j'ai démarré le boulot là, comme ça. Donc j'étais très souvent à Ivry où y'avait quand même une belle bande de fous furieux. Donc voilà, j'avais quand même beaucoup profité de ses conseils, de sa bienveillance. Il m'emmenait un p'tit peu dans ses bagages, faire ses premières parties, des ateliers d'écriture qu'il faisait à Ivry, on y voyait passer énormément de gens. On s'réchauffait tous, on était bien serré les uns contre les autres et on avait plus peur, et grâce à lui parce que sa présence était vachement rassurante. Son écoute était tellement belle .... Ce gars a changé ma vie. C'est mon boulot maintenant quoi ! Et il est chouette !"
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Allain leprest : Nu comme la vérité. Les 27 et 28 mars 2011, Allain Leprest et Jean-Louis Foulquier se retrouvent chez Didier Pascalis, puis au Forum Léo Ferré à Ivry pour deux entretiens filmés. Régulièrement, d'autres artistes s'intercalent et parlent d'Allain Leprest, dont Loïc Lantoine (pour lire le transcript de l'interview entier, c'est ici):
Loïc Lantoine parle d’Allain Leprest, l’homme privé, puis de son influence sur son choix d’écrire : « C’était un bonhomme avant tout, avec sa façon de vivre. Il déconnait et tout ça, et ça fait partie du mec. S’il avait été peut-être plus caché, il aurait peut-être connu une carrière différente. Est-ce qu’il aurait écrit de la même façon ? Les textes, ils viennent aussi du fait que l’mec, il était aussi bien dans une salle de spectacle que dans un bistrot à déconner avec des potes. Et ça le nourrissait énormément. Et s’il avait été vraiment carriériste « imagine, ça va marcher à donf ! », à réfléchir comme ça en terme de succès, peut-être que ça aurait mieux marché, mais peut-être qu’il aurait fait d’la merde aussi ! » « C’est quelqu’un qui m’a carrément mis le pied à l’étrier, puis c’était devenu un copain, mais c’est quelqu’un qui m’a permis de voir que la chanson ça existait et que ça pouvait être très bien fait et il se trouve que je l’ai rencontré avant même d’écrire, et il m’avait dit « toi, tu devrais écrire ! ». Bon, j’ai appris plus tard qu’il disait ça à tout le monde, mais moi, comme un couillon, j’l’ai fait. Et j’ai débarqué tremblant chez lui, à Ivry, avec quelques textes et il m’a dit quelque chose de vachement important, il m’a dit « dis toi qu’à partir d’aujourd’hui, t’écris, et que même si pendant un moment, tu l’fais pas, garde toujours ça en tête ». Et puis il a remis sa veste. On est descendu au café de la mairie et il a dit « Fermez vot’ gueule bande de cons, et il m’a fait dire des textes pour la première fois devant un public, dans son bistrot, en bas de chez lui … - Là ? Dans la journée ? -Tout direct, oui, tout de suite ! Et puis ça s’est jamais arrêté depuis. C’était vraiment le tout début, et j’lui dois ça, et énormément de rigolade à côté tout ça, mais il m’a donné envie de faire ce boulot, il m’a permis de faire le premier public, et c’est le plus chouette, c’est celui qu’on va voir, et pas celui qui vient vous voir. C’est pour ça qu’on a démarré dans les bistrots, mais le tout premier, c’était avec Allain à côté d’moi … bienveillant »
Allain Leprest aimait faire rire les copains
Allain Leprest au Bréau, assis à l'envers de la chaise pour mimer la chanson "Les rois d'la p'tite Reine" de R-Louis Lafforgue, une chanson qu'il affectionnait particulièrement car passionné par le Tour de France. Il faut l'imaginer mouliner des pieds tout au long de la chanson pour imiter le cycliste pédalant dans l'effort ! Il était intarissable sur Anquetil, Poulidor... et sa chanson sur Joaquim Agostinho chantée par Romain Didier en fait foi. Alors, comme il était fan également de René-Louis Lafforgue, il reprenait à tue-tête cette chanson en la mimant ; montée des cols,, descentes vertigineuses, sprints au coude-à-coude du tour de France, mais aussi les "six jours", épreuve cycliste qui avait lieu au Vel d'hiv. "Ça c'est champion, les rois de la p'tite reine"... (René-Louis Lafforgue)
Les Rois De La Petite Reine René Louis Lafforgue
La même chanson par Allain Leprest
Et toujours à vélo ..... Joaquim Agostinho, paroles Allain Leprest, mis en musique et interprété par Romain Didier
Dans la série photo-gags prises au Picardie, toujours su le thème du vélo, Eternellement sur le thème du rire Avec Christophe Gracien, Allain Leprest et Camille, le patron du Picardie.
Photo Alain Landrain
........................ Dans l'émission sur les docks spécial Allain Leprest, un duo est imaginé sur "il pleut sur la Mer" entre Loïc Lantoine et Allain leprest
Il pleut sur la mer et ça sert à rien Qu´à noyer debout le gardien du phare Le phare, y a beau temps qu´il a plus d´gardien Tout est électrique, il peut bien pleuvoir Aujourd´hui dimanche Sur la Manche
Il pleut sur la mer, c´est bien inutile Ca mouille la pluie, c´est du temps perdu Les mouettes s´ennuient, blotties sous les tuiles Il tombe des cordes et l´eau s´est pendue Aux plus hautes branches De la Manche
Il pleut sur la mer et ça sert à rien A rien et à rien, mais quoi sert à quoi ? Les cieux, c´est leur droit d´avoir du chagrin Des nuages indiens vident leur carquois C´est l´été comanche Sur la Manche
Il pleut sur la mer, l´eau, quelle imbécile ! A croire que la mer se pisse dessus Saborde ses ports, ses cargos, ses îles T´as l´air d´un moineau sous mon pardessus D´une corneille blanche Sur la Manche
Il pleut sur la mer et ça nous ressemble De l´eau dans de l´eau, c´est nous tout crachés Et nos yeux fondus au coeur de septembre Regardent rouler des larmes gâchées Curieuse avalanche Sur la Manche
Il pleut sur la mer, c´est con comme la pluie Peut-être c´est nous qui sommes à l´envers L´amour a des nœuds plein sa mise en plis Ca nous fait marrer, il pleut sur la mer Aujourd´hui dimanche Sur la Manche
De même, un trio est assemblé sur "Arrose les fleurs" entre Amélie Les Crayons, Allain Leprest et Loïc Lantoine
Arrose les fleurs Allain leprest
J'ai reçu ce matin la lettre où tu m'écris De prendre soin de moi et je t'en remercie Que tu vas me reviendre et tout ça et qu'on s'aime "Et arrose les fleurs une fois par semaine"
Mon amour, je te jure, les fleurs, je les fais boire Ensemble on est pétés, tu pourrais pas le croire Je re-siffle ces mots "Je suis partie sans haine Mais arrose les fleurs une fois par semaine"
À quoi me sert, sans toi, de me priver de clopes Ou d'un Saint-Emilion ? J'ai sur moi l'enveloppe Où ta main a tracé "Je rentre sous huitaine Mais arrose les fleurs une fois par semaine"
Avec toi, j'ai appris à parler végétal Et je compte les jours comme autant de pétales Je relis ton courrier et c'est pas un problème Sauf d'arroser les fleurs une fois par semaine
J'ai reçu ce matin la lettre où tu m'écris De prendre soin de moi et je t'en remercie J'imagine un jardin où nos pas se promènent En arrosant les fleurs une fois par semaine {x2}
Mai 2011: Rencontre avec Loïc Lantoine (Thou'chant) - extrait Hier, durant le spectacle, peut-être parce que c’était la deuxième ou troisième chanson qui se situait dans un bar, je t’ai vraiment vu là au croisement de Couté, de Dimey et de Leprest…
« Ce ne sont que des belles références, alors je ne sais pas quoi dire… (et, prenant une voix très pompeuse : ) Oui, effectivement, je trouve que je suis à la quintessence de ces trois (rires). Tu sais bien, on a des références communes. Ce sont des références fortes. C’est rigolo, parce que Dimey c’est ma découverte de la chanson, dans un petit bistrot à Wasem, à Lille, avec des gens qui animent des bistrots et m’ont fait découvrir la chanson. Un monsieur qui s’appelle Gérard Busine : grâce à lui, j’ai découvert Bernard Dimey. Gaston Couté, lui, c’est important pour moi, parce que Gérard Pierron, le père de François et repreneur de Couté, c’est aussi lui qui a mis le pied à l’étrier d’Allain Leprest, qui est pour moi la référence ultime. Allain, c’est le mec qui m’a poussé à faire ce boulot-là, alors que je faisais le zouave. »
C'est mon papa e métier. Je l'ai rencontré parce que j'aimais ce qu'il faisait. C'est lui qui m'a dit un jour "tu devrais écrire." Et, comme un con, je l'ai fait .... Je me suis retrouvé chez lui tremblant de peur. Il m'a dit "c'est très beau". Et puis, il a lancé "les gars, fermez vos gueules, écoutez ça". Je lui ai dédicacé l'album ("J'ai changé") dans sa totalité. Il me manque.
5 juillet 2001, Allain Leprest, en concert au forum Léo Ferré d'Ivry, est filmé sur scène lors d'une répétition. Il est interviewé sur la chanson "C'est peut-être" .....
C'est peut-être
C´est peut-être Mozart le gosse qui tambourine Des deux poings sur l´bazar des batteries de cuisine Jamais on le saura, l´autocar du collège Passe pas par Opéra, râpé pour le solfège.
C´est peut-être Colette la gamine penchée Qui recompte en cachette le fruit de ses péchés Jamais on le saura, elle aura avant l´heure Un torchon dans les bras pour se torcher le coeur
C´est peut-être Grand Jacques le petit au rire bête Qui pousse dans la flaque sa boîte d´allumettes Jamais on le saura, on le fera maçon Râpé Bora Bora, un mur sur l´horizon
C´est peut-être Van Gogh le p´tit qui grave des ailes Sur la porte des gogues avec son opinel Jamais on le saura, râpé les tubes de bleu Il fera ses choux gras dans l´épicerie d´ses vieux
C´est peut-être Cerdan le môme devant l´école Qui recolle ses dents à coup de Limpidol Jamais on le saura, KO pour ses vingt piges Dans le ring de ses draps en serrant son vertige
C´est peut-être Jésus le gosse de la tour neuf Qu´a volé au Prisu un gros œuf et un bœuf On le saura jamais pauvre flocon de neige Pour un bon Dieu qui naît, cent millions font cortège
Alain Pilot : Si vous faites ce métier commencé il y a 13 ans Loïc Lantoine, c'est grâce à qui ?
Loïc Lantoine : Bah, moi, j'dirais Allain Leprest, mais pas que lui, y'a beaucoup d'gens. Mais forcément, le premier nom, mon papa de métier, il s'appelle Allain Leprest.
A. P. : En 2009, vous aviez revu et interprété sa chanson "Mec"
En 2009, dans l'émission "Musiques du monde" sur RFI, Allain Leprest chante chante "Mec" en duo avec Loïc Lantoine. François Pierron est à la contrebasse et coeur.
A. P. : Vous n'avez pas enlevé le casque Loïc Lantoine, Mec ...
L. L. : Non ... non, bah oui, c'est un peu ..... ça fait bizarre .... A. P. : Allain Leprest à qui vous dédiez ce disque, votre nouvel album. Et je sais combien sa disparition à l'été 2011 vous a touché. A l'époque, on vous avait appelé pour témoigner, vous aviez été incapable de nous lâcher un mot. Que diriez vous de lui aujourd'hui ? L. L. : On a encore tout à écouter, re visiter, on va le chanter, on va le reprendre, et puis, moi j'ai un copain qui me manque, ça c'est sur .... A. P. : Fantine, sa fille, Fantine Leprest, est sur les coeurs de "au bord de la falaise". Vous dites d'elle qu'elle est droite et qu'elle n'en rajoute pas .... c'est quoi en rajouter ? L. L. : Elle se débat avec ce qu'elle a à faire, elle écrit très bien, la première fois que j'ai entendu une chanson de Fantine, j'me suis dit "c'est un cadeau du papa ça !", elle m'a dit "non, non" "Ton odeur" ça s'appelait. Ouais, elle écrit bien Fantine, et puis, c'est une copine ...
Mec
Allain Leprest
Mec, tu dis jamais rien et moi je cause, je cause Quand j'ai rien à te dire, je te parle de tout
J'fais comme si ton silence racontait la même chose On préfère les muets quand on a du bagout On se vend les questions et les mensonges avec, mec
T'as beau êt' silencieux, j'entends quand t'es pas là J'te dirai pas qu'ça fait comme une main qui manque Même dans les chansons cons y a des trucs qu'on dit pas Qu'c'est moche quand t'es parti ou qu'je t'aime par exemple Ça j'te d'l'rai jamais, j'te l'dirai pas, mais presque, mec
Mec, il fait nuit, t'es là sur ta chaise et la vie N'est jamais autant là que quand tu fais le mort Avec juste la voix de ta main qui écrit Y a des heures qu'on voudrait, là j'en dis trop encore On va croire que j'te drague avec mon tarin grec, mec
Mec, des fois j'ai d'l'humour à mes heures, poil au beurre Toi mes pauv' traits d'esprit, tu les connais par cœur Tiens le cœur justement, j'dis qu'c'est un artichaut Quand t'as r'tiré les feuilles il te parait plus gros J'ajoute toujours que c'est l'contraire d'mon carnet d'chèques, mec
Mec, c'est n'importe quoi ça y est, me v'la lancé Je m'vide, j'suis en surcharge, ça m'coule, ça m'noie, ça m'colle Tu dis rien, tu sais bien que tout va y passer Rimbaud, le fric, la guerre, Isabelle et l'alcool Maman, les putes et moi, Paris, Dieppe et l'Québec, mec
Mec dans ton coquillage, j'écoute le bruit d'la guerre Les journaux brûlent un peu les yeux quand on les ouvre La victoire en chantant poireaute à la barrière On s'en fait tout un monde, et au fond si ça s'trouve Ça fera même pas mal, comme un calva cul sec, mec
Mec des fois, si ça dure, on s'retrouv'ra su'l'front Ensemble à égorger le même salopard Des boyaux plein les mains, du sang sur les galons On saura qu'on aura été gentil quéqu'part Qu'on n'était pas des saints mais qu'on était correc', mec
Mec, y a des mecs pardon, t'es là tu d'mandes rien Je lâche mes corbeaux noirs sur les blés de ta tête Pourtant même silencieux, t'es là, ça m'fait du bien Tu sais, moi faut qu'je parle - as-tu une allumette ? Et pis un clope avec, pour me clouer le bec, mec
Dans sa chanson "Ivry dire", Loïc Lantoine raconte Ivry, et rend un petit hommage - clin d'oeil à son pote poète Allain : C'est quoi, le temps vous 'Prest à vous cramer si vite ?
(ce texte a vécu sur scène, a failli se retrouver sur l'album "les ailes de JéHan") Ici, Loïc Lantoine la "pas chante" à l'Ailleurs à Paris, en février 2000.
Ivry dire
paroles de Loïc Lantoine, mis en musique par JéHan Cayrecastel
C'est depuis la Courneuve, où l'on fête les hommes, Qu'une fière flêche rouge perce le coeur de Paris Je m'en vais à Ivry où les amours sont bonnes Pour causer météo au café d'la mairie. Ici Casanova ne drague pas au bistrot, Une femme a là-bas renchéri sur son nom Et quand j'ai le coeur vide j'y viens vivre de trop A l'ombre de ces tours des géants font les cons.
Ivry dire Je viens boire ta légende A vrai dire C'est que j'aime tes gens
Eh ! Les gars ret'nez moi ou j'vous fait un bonheur Bande d'obèses du coeur avec vos tronches cassées J'ai plus pied, on se marre une marée de bonnes heures Et quand vient le reflux j'en ai presque eu assez. Allez v'nez on s'engueule pour pas se dire qu'on s'aime C'est quoi, le temps vous Prest à vous cramer si vite ?
Moi je suis tout rempli mais j'en reveux quand même De Coco à Nanar, on met mes peurs en fuite
Ivry dire Je viens boire ta légende A vrai dire C'est que j'aime tes gens
Après écoute de "Adieu pour un artiste" par Raoul Marie Richeux : Et cette chanson de Raoul, quand est-ce que vous avez saisi ce qu'elle racontais ? Parce qu'en plus, elle est tout sauf festive cette chanson. C'est un homme qu'on met en terre, c'est un artiste qu'on met en terre, et on nous parle de la difficulté d'être, de la difficulté d'avoir toujours une joie de vivre, cheville au corps. Quand est-ce que vous avez compris, après l'avoir chanté enfant ou adolescent, c'qu'elle racontait ? C'est une chanson d'amitié aussi ... Loïc Lantoine : Là, j'l'ai découverte plus tard parce qu'elle fait partie de l'époque de la carrière de Raoul qui est un peu sa carrière nationale, parisienne, et j'l'ai découverte plus tard et interprétée par un copain qui s'appelle JeHan, et aussi, à l'époque, je commençais à frayer un petit peu avec ..... on peut imaginer que ce genre d'enterrement, ce n'était absolument pas triste, ça a du bien rigoler, ça a du faire très mal aux cheveux le lendemain, et l'idée c'est ça. J'ai eu la douleur de vivre des enterrements pas marrants, des enterrements d'artistes qui parfois, on fait le choix de partir, et on s'est pas empêché de vivre, on a pris le meilleur, on a respecté un choix , et après voilà, après c'était rock and roll ...