Extrait de "Pas la peine de crier" Marie Richeux : Comment vous les avez apprises vous ces chansons ? Comme ça ? Loïc Lantoine : C'est des chansons qu'on a le sentiment d'avoir toujours connu. Comme on dirait "A la claire Fontaine" ou des choses comme ça. Des chansons qu'on a toujours connu, mais des chansons qu'il faut apprendre à réécouter. Je m'amuse, avec beaucoup de fierté, à reprendre "à la claire Fontaine" qui est une chanson que je connaissais pas justement. MR : Tellement belle LL : Oui, mais j'ai su ça à trente ans qu'elle était belle, parce que voilà, je l'ai massacrée à la flûte avant d'écouter ce que ça racontait. C'est une chanson qui a voyagé, là aussi, c'est une chanson populaire, elle a servi à plein de choses, y'a eu pleins de paroles différentes, elle a servi parfois à faire passer des infos, elle a été le premier hymne du Québec, faut imaginer les gros bucherons qui descendaient le Saint Laurent en chantant à la Claire Fontaine ... MR : ... et qui disent "il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierai" ... c'est quand même très incroyable ... LL : Oui, c'est une chanson magnifique ! Et parfois, on les a tellement en tête qu'on ne s'arrête pas dessus pour les écouter. Alors qu'effectivement, c'est une des chansons d'amour les plus pures que j'ai jamais entendues.
Loïc Lantoine : "Je suis un humilié de la musique. J'ai tenté. Mes parents n'ont jamais eu l'occasion d'entrer en contact avec la musique, et il s'en sont plutôt bien sorti quoi. Voilà, ils se sont démerdés d'Armentières, et un jour de me voir tapoter sur la table comme un pianiste, j'pense que j'avais du voir Richard Cleyderman la veille à la télé, ma mère, ravie, s'est dit "mais on l'foutrait pas au piano cui là !". Moi, j'étais d'accord, et donc j'me suis r'trouvé au conservatoire, à l'école de musique d'Armentière, mais c'était vraiment l'école à l'ancienne quoi. Un an entier à faire du solfège, j'étais petit, et j'aimais déjà pas l'école, alors si en plus on m'en rajoutait le mercredi au lieu d'aller faire du foot. C'était horrible quoi ! Pendant un an sans toucher un seul instrument, en 2ème année, j'avais tellement peur de mon prof de solfège, j'devais avoir 7 ans, que je pissais au lit la veille. Ils avaient inventé un truc assez pervers, on passait à l'année suivante, si on était bon, prix à l'uma ... l'hunami ... animité, j'arrive même pas à le dire tellement j'suis paniqué rien que d'y repenser. Ensuite le premier prix ... enfin .... voilà ... c'était des mentions. Et puis après, y'avait la deuxième mention, où on redoublait. Et la troisième mention où on redoublait aussi mais on était une merde ! Et j'ai eu ça au solfège 3 ans de suite, jusqu'à ce que j'ose dire à mes parents, qui quand même avaient acheté un p'tit piano avec des bougeoirs, un vrai ..... que j'en pouvais plus quoi !
Et j'ai toujours pensé qu'j'étais un imbécile du coup; qu'c'étais pas fait pour moi parce que c'est ce qu'on m'a fait comprendre finalement, avec cet enseignement à l'ancienne, que j'étais pas fait pour et j'ai toujours été émerveillé .... mais finalement, j'en suis assez content aujourd'hui parce que ça reste magique pour moi, la musique et tous les musiciens, ça m'impressionne et j'aime être impressionné !
Alain Pilot : Avant la musique j’était un marrant Mais maintenant j’suis p’us pitre je décompose Je décadence je décroche .... dit la chanson générique "j'ai changé"..... Pourquoi la musique, si c'est encore le cas, vous fait peur ? A cause de vos tentatives avortées au conservatoire ? Loïc Lantoine : C'était pas le conservatoire, c'était l'école de musique d'Armentière. Mais c'est vrai que ça a été étonnant et rude. Ca m'a permis de découvrir l'école à l'ancienne ! J'étais terrorrisé à l'idée d'y aller. Je faisais pipi au lit ! Mes parents n'ont pas eu la chance de pouvoir faire de la musique, mais ils m'ont vu tapoter sur un piano, enfin .... sur le bord de la table, quand j'étais gamin, et ils m'ont dit "ça te plairait de faire de la musique ?" ... ma mère était folle de bonheur ! Et ils ont même récupéré un piano, un vrai, avec les bougeoirs, et donc j'me suis r'trouvé à l'école de musique d'Armentière. Et ça a été redoutable, ça ne se fait plus comme ça maintenant, mais c'est un an de solfège avant de toucher un instrument. J'étais plus jeune que les autres, déjà pas très courageux dans le travail. Et ils avaient inventé un truc qui s'appelait la troisième mention. la deuxième mention, on redoublait déjà, mais la troisième mention, j'imagine qu'on conseillait aux parents d'nous retirer de là-bas .... c'qui s'est passé au bout d'un moment. A. P. : Et votre grand-mère, elle vous a vu faire de la musique ? L. L. : Non, ni l'une ni l'autre. Elles ont pas eu l'occasion.
Le piano n'est pas le seul instrument auquel Loïc Lantoine s'est frotté. Il a tenté aussi la guitare, la résultat n'a pas été suffisemment à la hauteur pour tenter de s'accompagner sur scène. Il a quand même pris des cours aux ateliers d'Ivry, au Picardie.
Oui, à droite, au premier plan, c'est bien lui A l'extrême droite au fond, Sally, la femme d'Allain Leprest.
Photo Alain Landrain
Une des rares fois où on le verra sur scène avec une guitare, on n'est pas bien sur que c'est lui qui en jouait, certains disent que c'était le véritable Johnny Cash, mais le doute persiste ! Pour en juger, on peut aller écouter sur la page de Johnny Cash !