De fait, seul Desproges pouvait se prévaloir d'être un artiste « dégagé ». Eux ne peuvent donc être qu'engagés. Et comment en serait-il autrement ? Le père de François a été biberonné à Gaston Couté ; Loïc, lui, s'est vu mettre le pied à l'étriller par Allain Leprest quittant son Nord pour le retrouver dans une banlieue encore rouge. Si, sur Badaboum, ils n'avaient de cesse de hurler « à l'attaque ! », aujourd'hui, ils préviennent benoîtement : « Quand les cigares changeront de bouche/ Quand la soupe, elle changera d'louche/ Les employés, on s'ra les rois. » Et d'y aller d'un revanchard : « Y faudra plus nous négliger/ C'est nous qu'on s'ra les PDG. » Debout forcément. Tout en refusant de se faire enfermer lorsqu'on leur demande si cette chanson est née du mouvement des intermittents : « Le problème, c'est qu'on est resté sur une corporation alors qu'il aurait fallu s'ouvrir », estime Loïc. Ajoutant : « Sûr que le système est complètement stupide au point de devoir se déclarer à la recherche d'un emploi, même quand on a vingt dates dans le mois. Mais la vraie galère, ce n'est pas de faire tourner le chapeau. C'est les trois huit... »
"Vendredi soir, soirée placée sous le signe de la chanson et de l'hommage.
[........] L'émotion [...] avec le maître Allain Leprest. Que dire de plus quand un monument de la chanson française nous offre un concert-création avec à ses côtés ses amis Yves Jamait, Loïc Lantoine, Francesca Solleville , Claire Lise, une pianiste aux doigts de velours et une section cuivre classieuse. Moments électriques, chair de poule et larmes aux yeux. Parterre de yeux grands ouverts, buvant les paroles de ce grand poète." (Zebrock)
Loïc Lantoine et L'engagement
Extraits de l'interview d'Hélène Haséra pour "chanson boum" sur France Culture (mai 2013) : Hélène Hazéra : Tu peux me raconter "le grand matin" ? Loïc Lantoine : Ca faisait longtemps que je trainais cette idée d'imaginer des gens qui, à force d'attendre le grand soir, décident de partir ... un beau matin. Et c'est typiquement la manière dont j'ai adoré travailler pour préparer ce spectacle, car j'avais un peu ça en tête, et puis on se trouvait dans un gite, et les gars à se sont mis à boeuffer, là, à improviser des musiques, et moi, de temps en temps, fe faisais "ah ! Est ce que vous pourriez rester là dessus pendant un moment ?" et une fois que j'ai enfilé quelques vers, je leur dit de passer à autre chose, et je vais m'isoler. Et là, j'avais ça en tête, et je trouvais que ça allait très bien avec cette marche avec les guitares et la clarinette basse, une marche tranquille, sereine, et en même temps, vivante et déconnante. Donc voilà, j'ai foncé là dedans. (ecoute du "grand matin")
Live à Nantes en janvier 2013
H. H. : C'est intéressant car ce sont des chansons qui parlent un peu de politique, mais y'a une sorte de liberté qui est donnée à l'auditeur de faire sa politique lui même. On impose pas une idée. L. L. : Non, j'ai un peu de mal avec ça, même si j'ai des convictions. C'est déjà un métier qui est tellement aberrant, de dire à des gens "taisez-vous, c'est moi qui cause", si en plus faut, de leur asséner des vérités qui sont miennes .... J'pense que quand je vais faire de la chanson qui va plus traiter de politique, c'est plus pour le repos du guerrier, c'est à dire, pour ces gens qui se bagarre, leur donner un p'tit peu de courage, ou un peu de repos, ou les embrasser bien fort, plutôt que de leur expliquer comment il fait faire, parce que là, rien que d'y penser j'ai les mains moites.
De même, dans l'extrait de l'auto-interview d'avril 2013 pour Nordway : Pourquoi n'aimes-tu pas l'expression "chanteur engagé" ? J'ai des colères, des envies de bagarres. Mais c'est dangereux d'essayer de passer pour des chevaliers en croisades. Je me méfie beaucoup du côté "charité business".
Et donc discrètement, Loïc Lantoine participe, par exemple, à la "fête de la soupe" le 1er mai 2013 à Wazemmes :
Lors de la fête de la soupe le 1er mai 2014 à Wazemmes, Loïc Lantoine soutien Dgiz sur "ça va aller", avec Horse Raddisch et Karim Arab aux instruments.
Loïc Lantoine participe aussi à un concert de soutien à ONG parrainage
Tout est calme ..... trop
A l'attaque
Version live, plus acoustique, à Méricourt, avec Karim Arab à la guitare :
Paroles : Loïc Lantoine ; et Musique : François Pierron
Ce sont les flammes d'une colère Qui viennent embraser le regard De l'éparpillement de mes frères Mes copains du c'est pas trop tard C'est une joie démesurée De faire les grandes découvertes De nos histoires sans passé De nos conneries recouvertes Notre fierté d'être sans haine Et de retourner au charbon En gueulant les gars faut qu'on s'aime Et le chemin sera moins long Et c'est pas fini et ça continue Vas-y patron sers moi un rêve Je te le paierai en fou rire Il est pas l'heure de la trêve On laissera pas nos poings mourir
Si on fait la collec' des rires C'est pour préparer nos combats C'est parce qu'on sait pas trop quoi dire À part regardez plus en bas Et si on mélange nos pleurs Dans une mer d'amitié C'est qu'il nous reste un peu de peur Et qu'on a su la partager Quand de sublimes engueulades Viennent allumer le petit jour C'est la honte d'un malade Et c'est pour ça qu'encore on court Et c'est pas fini et ça continue Vas y patron sers moi un rêve Je te le paierai en fou rire Il est pas l'heure de la trêve On laissera pas nos poings mourir
Et vos têtes en timidité Tellement vous aimez les autres Pas besoin de vous imiter Parce que j'vous aime c'est vous mes autres Quand la folie dévaste tout On voyage par petits bouts d'phrase Un tour de terre en rien du tout C'est notre cafard qu'on écrase Quand on reprend le temps de s'asseoir Au comptoir des quand même content On s'dit que ça s'appelle l'espoir On s'dit qu'on a encore du temps Et qu'c'est pas fini et qu'ça continue Vas y patron sers moi un rêve Je te le paierai en fou rire Il est pas l'heure de la trêve On laissera pas nos poings mourir À l'attaque, à l'attaque, à l'attaque, à l'attaque À l'attaque